Les Fables de l'Humpur par Hard_Cover
Il y a déjà quelques mois que Les Fables de l'Humpur est dans ma PAL. C'est à l'occasion de la journée SF au Quai Branly organisée le 7 mai dernier que le livre fut soudainement propulsé en haut de la pile. En effet, il était un des sujets (indirects) d'une table ronde à laquelle Pierre Bordage participait. Voilà donc l'occasion de lire un des romans les plus connus de l'auteur vendéen.
L'édition que je possède, la J'ai Lu, classe le roman en fantasy. C'est évidemment une grossière erreur car Bordage n'écrit que de la science-fiction, même si ce n'est pas nécessairement une volonté de sa part. En effet, Les Fables de l'Humpur est un roman qui se déroule dans un lointain futur. Ses protagonistes sont des créatures qui ont une nature mi-humaine, mi-animale. Génération après génération, ces êtres régressent, soumises par les lois de l'Humpur, qui interdisent toute sensibilité, tout indicidualisme, qui prônent, en fin de compte, le retour à l'animalité pure et simple.
Véhir est un grogne (un homme-cochon) qui fuit son village pour garder son individualité, ne pas être comme ses frères qui sont plus proches de l'animal que de l'humain. Tia est une hurle, fille d'un seigneur promise à un vassal d'une cruauté sans égale. Elle fuit pour échapper à ce destin injuste. Elle va croiser Véhir et tous deux vont se lancer à la recherche des dieux humains des légendes, de l'humain pur.
Je pourrais tout simplement dire des Fables de l'Humpur que c'est un bon Bordage, ce qui signife que c'est un très bon livre. Que dire de plus ? Bordage y est à son meilleur, décrivant un univers fascinant par sa dureté, l'image futuriste de notre propre monde en déliquescence. On y trouve également des personnages complexes, en lutte contre leurs propres natures animales, leurs sentiments profonds qui les poussent à la cruauté, aux erreurs de jugement, mais qui puisent en eux l'humanité – ce qui chez Bordage signifie à peu près la divinité – pour surmonter la brutalité d'un monde terrible.
Les Fables de l'Humpur est un cheminement tortueux, tant pour les personnages que pour le lecteur, sur les sentiers de la fraternité entre races, de l'amitié entre ennemis héréditaires, du refus de la religion – mais pas de la foi.
Comme souvent dans son œuvre (La Trilogie des prophéties, Le Feu de Dieu...), Bordage ne fait pas que raconter une histoire passionnante, il fait réfléchir le lecteur sur son rapport au monde, celui qui l'entoure, qu'il voit, qu'il entend et qu'il sent, mais aussi celui imperceptible des forces supérieures qui existent, peut-être.
Un incontournable, et pas que pour les fans de Bordage.