La rédemption ou la vengeance ? Au sortir de la Grande Guerre, dans une Australie contaminée par la grippe espagnole, Quinn, le héros concassé de Les affligés, erre comme une âme en peine aux abords de son village là où, 10 ans plus tôt, un crime abominable a eu lieu, dont il est pour tous tenu responsable. Le roman de Chris Womersley, ample et intime à la fois, est une pleine réussite, aux confins de nombreux genres : le thriller, l'étude psychologique et même le fantastique, avec la présence d'une jeune sauvageonne, moitié sorcière, moitié ange. Les souvenirs de la guerre reviennent en rafale, ceux d'avant le drame aussi, dans cette Nouvelle Galles du sud si faussement tranquille, contée avec majesté dans l'ombre des Blue Mountains. Comme dans les grands romans américains, ceux qui habillent les grands espaces et les esprits torturés par la douleur, Chris Womersley tisse au fil des pages une toile d'araignée qui enserre ses personnages et ne leur laisse d'autre choix que celui de la violence. L'auteur est précis dans ces descriptions, tout en laissant la place à l'imaginaire et au mystère des âmes. C'est brillant, haletant, imprévisible et rugueux. Un roman tellurique et élégiaque, qui laisse sur le flanc.