Voici un livre qui peut se lire très facilement en se laissant bercer par une histoire qui se déroule au Canada et à New-York. Mais on peut aussi se faire prendre par une puissance qu'on ne voit pas venir.
Will, indien trappeur dans le coma, fils du personnage du Chemin des âmes (livre précédent du même auteur), nous embarque dans ses souvenirs, nous livrant ainsi sa vie, dure, parsemée de solitude dans la sauvage nature des grands espaces du grand Nord. Annie, l'une de ses nièces, lui parle alors qu'il est inconscient, à l'hôpital. Elle aussi nous amène dans ses périples à la recherche de sa soeur disparue depuis qu'elle a commencé une carrière de mannequin, qu'elle-même suivra finalement...
L'histoire nous met dans deux ambiances bien différentes, ponctuées de souvenirs croisés. Les histoire sont liées, comme celles de membres d'une famille indienne, se frottant à la vie occidentale. Pas toujours facile.
Il en résulte un parallèle que nous vivons, introduits dans le monde de ces deux personnes attachantes. L'un, solitaire chasseur, trappeur et pilote d'avion, dont l'expérience transparaît dans ses commentaires. L'autre, surnage dans un monde qu'elle découvre au beau milieu de la "hype" new-yorkaise après celle de Montréal.
La solitude est dans le titre, et nous la sentons au plus profond de nous-mêmes à travers Will, Annie et d'autres, même quand ces personnages sont entourés. L'amour, l'amitié, les rapports humains différents dans la culture d'individus qui se côtoient, sont les fresques peintes avec sensibilité et habileté par Joseph Boyden.
Son verbe, toujours profond, nous embarque par moments dans de sublimes photographies, ou bien dans de subtiles discussions dont les réactions des protagonistes n'ont pas besoin d'être retranscrites. Nous habitons Boyden , il nous habitue peu à peu à son style, il nous envoute, pour mieux nous dérober parfois l''essentiel, afin de le garder tel un trésor : les souvenirs, les sentiments, les mots impuissants...
Subtile.