« Ce qui resterait de moi serait un portrait de toi. »
Lettre à Laurence est un petit livre, vite englouti : indigeste dans ses premières pages gorgées de références intellectualisantes, puis guide touristique de tous les recoins de Paris, il devient enfin sensible dans son troisième tiers uniquement. Mais beaucoup auront déjà refermé ce bouquin au bout de dix pages en se disant qu’il n’était pas pour eux : et effectivement, il y a arnaque sur le genre, ce n’est pas un livre pour des lecteurs ; c’est une Lettre, destinée à une seule personne.
Jacques de Bourbon Busset rappelle à Laurence leurs bons moments, leurs émois, leurs souvenirs glanés ici ou là, aux quatre coins du monde ; les amis qu’ils ont croisés, les lieux qu’ils ont aimés ; et la douleur lorsque l’un part et que l’autre reste. Pour le lecteur lambda, il y a erreur sur le bouquin, il valait mieux lire le « Livre de Laurence », cette biographie en plusieurs volumes consacrée par Jacques de Bourbon Busset à son épouse. La biographie est destinée à tous, la Lettre n’est destinée, elle, qu’à Laurence.
Finalement le livre est mauvais, mais l’histoire est bonne : Jacques de Bourbon Busset manie un style inflexible, ampoulé, et un peu pompeux ; mais il nous parle d’une personne extraordinaire, et d’un amour magique. C’est une lettre bâclée derrière laquelle il faut deviner la merveilleuse femme qu’a dû être Laurence.
« Les enfants de nos petits-enfants jetteront peut-être un coup d’œil sur le Livre de Laurence. Ils se mettront à aimer, je l’espère de tout cœur, le Lion Caramel. [...] Je n’ai écrit et n’écris que pour te faire aimer. Laurence-Lion, comme disent mes lecteurs, est mon unique personnage. Je suis autobiographe d’un autre que moi, de celle qui fut, qui est encore la chance de ma vie. »
Un livre qui n’en est pas un, une lettre à la fois magnifique et ratée ; mais on n’aurait pas pu faire mieux.
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