Quand on est lecteur fidèle de Lionel Duroy, ce dernier roman en date est un immanquable : c'est le livre de la réconciliation, après tant d'années de déchirements.
En effet, "Nous étions nés pour être heureux" est construit comme une longue journée estivale à la campagne, au cours de laquelle tous les protagonistes rencontrés dans les livres précédents vont enfin se revoir et s'expliquer, en particulier les membres de la famille brouillés depuis trente ans, mais aussi les deux ex-épouses et leurs filles respectives (sachant que le narrateur n'a jamais revu sa seconde ex-femme depuis leur séparation houleuse).
Certes, on est dans la quintessence de l'autofiction, et tout cela pourra apparaître autocentré et redondant (l'oeuvre globale de Duroy baigne dans la répétition et le ressassement), mais pour le lecteur fidèle ce livre représente un peu l'ultime épisode d'un long feuilleton, et pour ma part j'ai dévoré le compte-rendu de ces retrouvailles inespérées.
D'autant que Duroy excelle pour faire émerger les émotions, en particulier à la fin du livre, lorsque tout le monde se sépare, par grappes, sans certitude de se revoir, ce qui ne manquera pas d'évoquer à chacun ses propres souvenirs mélancoliques de grands rassemblements familiaux.
En revanche, pour quelqu'un qui découvrirait l'auteur à cette occasion, je doute que ce roman s'avère très prenant (personnellement j'ai eu la chance de m'initier à Duroy avec "Le chagrin", son autobiographie - et par ailleurs son meilleur livre).