Etonnant ! Tout du long on est plongé dans une ambiance morbide et pourtant happé par l'histoire.
Elle tourne essentiellement autour de deux faits : comment trouver à manger aujourd'hui et où dormir pour ne pas se faire rafler? On vit cette angoisse avec Ranek, on peut même pas le détester pour ces coups tordus et son cynisme parce qu'on le comprend.
En arrière plan on lit ce qui retient encore l'attention des survivants SI ils on mangé et trouvé un lieu sûr où dormir : des histoires de famille, de sexe, la recherche d'affection, les rancunes, les coups bas et le malheur des autres (parce que ça distrait du sien).
Je redoutais d'être déprimée après 600 pages dans un ghetto juif sous l'Allemagne Nazi, mais Edgar Hilsenrath a réussi à décrire l'horreur sans trop charger la mule, sans faire dans le pathos ou le manichéisme.
Franchement c'est brillant.