A son tour, Anne Sinclair sacrifie à l'exercice des mémoires journalistiques, un registre que j'apprécie à titre personnel, et j'ai donc lu "Passé composé" avec plaisir et intérêt.
Toutefois, certains aspects de cette autobiographie se révèlent assez agaçants : ainsi, adoptant le ton de la confidence, l'auteur passe en réalité son temps à se justifier. Entre demi-aveux et pseudo franchise, son récit s'apparente à un plaidoyer pro domo, souvent alambiqué et artificiel.
Cela traduit également la tournure d'esprit d'une femme manquant de confiance en elle, qui reconnaît une forte propension au doute et à la culpabilité.
D'ailleurs, le début du livre consacré à son enfance apparaît touchant et sincère, Anne Sinclair n'épargnant pas sa propre mère, riche femme au foyer désœuvrée, omniprésente dans les jeunes années de sa fille unique, avant de devenir un fardeau des années plus tard, rendue amère par le veuvage et la solitude.
En revanche, le chapitre consacré à TF1 pourra faire sourire tant la journaliste n'a de cesse de se victimiser. Crachant dans la soupe bien tardivement, après avoir accepté ces jeux de rôle pendant des années (participant de son propre aveu à tous les conseils d'administration et autres "comex"), Sinclair semble soudain découvrir que Patrick Le Lay et ses sbires ne sont pas exactement des philanthropes...
Sinclair présente ce dernier comme un grossier personnage colérique et antisémite, qui décide soudainement de la licencier... sans aucune raison! Si Le Lay ne m'inspire aucune sympathie, et s'il est vrai que les prud'hommes donneront gain de cause à Anne Sinclair, on imagine bien que le PDG de TF1 nourrissait quelques griefs contre son employée pour agir ainsi : ces reproches ne seront jamais mentionnés, la journaliste apparaissant comme la victime pure et innocente d'un inexplicable coup de sang présidentiel.
Si l'auteur de ces mémoires ne sort pas forcément grandie à mes yeux, j'ai néanmoins lu "Passé composé" avec intérêt, à l'image du chapitre consacré à l'affaire DSK - dans lequel Anne Sinclair ne dévoile évidemment aucun scoop, mais raconte la manière dont ce tsunami mondial est venu violemment percuter sa vie personnelle.