Dans un pays dont on ignore tout ou presque, grandissent dans une ferme familiale deux jumeaux : Marcio et Leonora.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que leurs enfances respectives s'effectuent à la rude. Marcio travaille aux champs avec son père. Leonora s'occupe de la maison avec sa mère. Deux vies très différentes dans leurs organisations.
Malgré l'innocence et la pureté dues à l'enfance, le père, Zio, ne pardonne pas les écarts et les coups pleuvent. La mère n'est pas en reste. Dans un contexte familial pesant où la charge de travail est harassante, une complicité irrépressible s'est nouée entre ces deux enfants, un véritable amour fraternel en guise de bouée pour éviter de sombrer. Jusqu'au jour où Zio, découvre ses enfants dans une situation qu'il a toujours redouté. le déclenchement inévitable d'une séparation douloureuse et forcée.
Un peuple qui croule sous des décisions politiques calamiteuses. de dictateurs en dictatures et ainsi soit-il. Voilà le cadre de ce magnifique roman qui s'insurge contre l'omnipotence des pouvoirs sur leurs populations. Leur impunité et leur façon de faire croire en la possibilité d'un changement. Leur capacité inextinguible d'inventer du bonheur à coup de consommation.
C'est aussi l'occasion pour Antoine Wauters d'aborder des thématiques comme la pauvreté, qui malheureusement voue les êtres au désespoir, les transforme et leur fait commettre des actes honteux. Ce récit est une complainte faite aux petites gens, un cri du coeur pour ces deux enfants à qui rien n'a été épargné et qui se sont construits avec une capacité de résilience incroyable.
J'ai pris un véritable plaisir à lire ce roman magnifique, peuplé de brillantes réflexions sur ce qu'est réellement la liberté, sur la conception du véritable bonheur, sur la capacité à pardonner et à se construire, à se réinventer un soi positif et lumineux malgré des années passées dans l'ombre.