Titre inspiré par un album d'Integrity - qui correspond en l’occurrence parfaitement bien.
Ayant découvert l'oeuvre grâce à mes éclaireurs SC, j'avoue m'y être tout d'abord intéressé car le titre ne laisse pas de marbre, et encore moins le sujet traité.
Chercheur émérite au CNRS et enseignant à sciences-po, Semelin signe ici un travail remarquable, fruit d'années de labeur, de recherches et de rencontres en tout genre. Au travers de son oeuvre il questionne donc l'être humain en cherchant à connaître les "raisons" ( si l'on peut les qualifier ainsi ) qui peuvent amener un humain à en tuer un autre, et ce notamment au travers des phénomènes de violences de masse ( pour éviter d'employer le terme génocide, utilisé abusivement d'après Semelin.)
Semelin mêle donc recherches et sources diverses, citant notamment historiens, philosophes, anthropologues, sociologues et autres élites afin de donner profondeur à son propos, qu'il divise d'ailleurs en plusieurs parties/ chapitres afin de traiter à la fois de la psychologie humaine, de son influence éventuelle ( la rhétorique, les dynamiques de groupe) ainsi que de facteurs/acteurs plus détachés ( la politique locale et internationale, l'influence des médias. )
Semelin se détache donc d'une quelconque implication en traitant de trois exemples principaux ( la situation en Europe de l'est dans les années 90, les massacres Rwandais et l'holocauste Juif ) afin de multiplier les points de vue et de les comparer de la manière la plus objective et ''factuelle'' possible.
Semelin offre ici un travail de qualité, tout d'abord extrêmement bien documenté, qui offrira quantité d'informations au lecteur peu familier des massacres abordés. Il s'écarte en outre du chemin 'sensationnaliste' et épargne au lecteur les traditionnelles anecdotes relatives aux violences qui ont été ( et sont toujours ) largement perpétrées. Enfin il détruit certains clichés et opinions populaires en offrant par exemple une analyse comparative intéressante de l'Allemagne nazie et des régimes communistes ou en démontrant que l'accès à la culture et au savoir n'est aucunement synonyme de rejet de la violence.
Seul ( léger ) point noir au tableau, Semelin finit son oeuvre en traitant du terrorisme, et force est de constater que son opinion selon laquelle la menace terroriste est une sorte de chimère se révèle aujourd'hui erronée. On lui pardonnera cependant aisément de ne pas avoir été un visionnaire, le reste de l'oeuvre se révèle passionnante et très enrichissante avec un message final fort et sombre : l'homme est mauvais et le restera. Message évidemment pessimiste donc, mais qui se doit d'être toujours contrebalancé ; lui reprenant la citation de Fitzgerald :
"[...]On devrait par exemple comprendre que les choses sont sans espoir et pourtant être décidé à les changer."