J’invite tout d’abord le lecteur de cette critique à lire celle que j’avais réalisée sur le premier roman :


La suite des aventures de Samuel Le Mullois s’insère dans un contexte particulier. Face aux invasions étrangères, les Parisiens avaient décidé de se protéger eux-mêmes en prenant les armes. C’est l’épisode des faubourgs fédérés. Le 15 juillet 1815, le préfet de la Seine, Gaspard de Chabrol, donne l’ordre de désarmer les tirailleurs fédérés. L’opération est rendue compliquée dans certains quartiers parisiens, dont le faubourg de Saint-Antoine, où les ouvriers refusent de rendre les armes. Ce faubourg est très symbolique : bon nombre de révoltés de 1792 en étaient issus et avaient provoqué la chute, en mai 1792, des Girondins. S’ensuivit le 10 août la prise des Tuileries. Richard Lenoir, riche industriel, fervent partisan de Napoléon, très influent envers les ouvriers, a joué un rôle important dans cette mobilisation. Plus de 3 000 fusils sont gardés et le préfet demande alors l’intervention de la police. Plusieurs opérations de surveillance s’organisent autour de ces quartiers dont chacun des habitants est considéré comme un révolutionnaire ou un fauteur de troubles potentiel. Les commissaires de police envoient alors des agents sillonner ces faubourgs. Dans un camp comme dans l’autre, un climat de conspirations et d’attentats contre les figures dirigeantes est palpable. Le roman se termine au lendemain de Waterloo, le 20 juin 1815. Louis XVIII regagne alors Paris pour une période cette fois plus longue de 15 années.


Dans cette suite que j’attendais, Samuel Le Mullois est chargé d’une double mission : superviser secrètement l’organisation de la fédération Saint-Antoine (des faubourgs) d’une part et d’autre part, déjouer un complot contre l’Empereur dont le meneur est le baron de La Sahla qu’il faudra impérativement retrouver.


Mon avis est fort proche du premier roman. Premièrement, je constate que bien plus qu’un roman historique, cette suite est aussi un roman éducatif. Les amateurs de cette période ou même les non-initiés découvriront une période riche et pourtant trop peu connue auprès du large public. C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de retrouver le commissaire Le Mullois, qui est un personnage assez important pour être présent à des moments clés de l’histoire (d’où l’importance du grade de commissaire) tout en restant assez neutre pour que l’on puisse s’y identifier. Mais plus encore, il m’a semblé que le travail d’enquêteur du commissaire s’apparente parfois à un véritable « travail d’historien », comme lorsqu’il fouille dans les affaires personnelles du baron de La Sahla. Ce travail reste avant tout celui de Laurent Nagy qui parvient à créer un univers romancier riche et à la lier avec ses sujets de recherches. En effet, le roman entre en résonance directe avec une publication scientifique datant de 2012 et intitulée D’une Terreur à l’autre. Théories du complot et nostalgie de l’Empire, 1814-1816. En effet, un chapitre est consacré aux quartiers révolutionnaires.
L’univers du romancier devient de plus en plus concret s’il ne l’était déjà pas assez. La plume s’est faite, dans cette suite, davantage romancière qu’historienne, même si l’importance accordée aux sources reste grande. Il est vrai que le premier roman est souvent un laboratoire dans lequel l’auteur se cherche. L’auteur dépeint le quotidien de cette époque avec brio. Cela est rendu possible grâce aux descriptions soutenues. Le premier roman procédait déjà de la sorte et j’ai aussi retrouvé certains thèmes similaires tels que la vie politique quotidienne, dont l’accès au suffrage. J’apprécie toujours comme dans le premier livre, le fait que le passé et le présent s’entremêlent à travers les souvenirs. Une certaine lassitude et terreur face à la situation sont palpables. L’avenir est incertain, la liberté bafouée. Enfin, l’auteur semble avoir tenu à créer davantage de mouvements dans cette suite. Mais, il est réfractaire aux « actions virevoltantes ». S’il décrit une scène d’action c’est que cela est nécessaire à l’enquête et s’insère quelque peu dans une démarche historique évoquée précédemment.

Je recommande donc ce nouveau roman qui permet de s’immerger dans une époque révolue. À l’approche des fêtes, il s’agit peut-être d’une bonne idée cadeau pour les amateurs de romans historiques.


Sources :
-NAGY L., D’une Terreur à l’autre. Théorie du complot et nostalgie de l’Empire (1815-1816), Paris, Vendémiaire, 2012 (collection Chroniques).
-Nagy L., site officiel pour suivre les enquêtes du commissaire Le Mullois et plus spécifiquement la seconde, [en ligne], https://commissairelemullois.wixsite.com/website/%C3%A0-propos-2.
-Le site de l’éditeur Lemme Edit : https://lemmeedit.com/boutique/hors-collection/periode-contemporaine/tuez-lempereur/.

Julien4041
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le 25 nov. 2021

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