Oubliez le titre français stupide qui ne résume en fait qu'une seule scène du livre car l'original, "The Sense of an Ending", traduit parfaitement le propos du roman.
L'histoire : Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne, un mariage qui l'a été aussi. Autrefois il a beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l'un de l'autre. Apprenant un peu plus tard qu'elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens condisciples de lycée, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d'Adrian. Pourquoi Adrian s'est-il tué ??? Quarante ans plus tard, le passé va resurgir, des souvenirs soigneusement occultés remonter à la surface - Veronica dansant un soir pour Tony, un week-end dérangeant chez ses parents à elle. Et puis, soudain, la lettre d'un notaire, un testament difficile à comprendre et finalement, la terrible vérité, qui bouleversera Tony...
Julian Barnes parvient à créer une oeuvre où l'ambiguïté règne en maître car il n'y a rien de plus trompeur que la mémoire et les souvenirs ; ambiguïté grandement renforcée en plus par le fait que l'ensemble est raconté à la première personne, donc des occultations volontaires, du mensonge, un point de vue biaisé sur les événements et sur les personnages, dont le narrateur lui-même, sont loin d'être improbables.
A la fin de ce livre prenant, qui se lit à la vitesse de l'éclair, on reste songeur, des dizaines d'interprétations possibles se bousculent dans notre tête, on farfouille sur Internet pour trouver celle qui est la plus crédible d'entre toutes, bref on y pense encore bien après la dernière page terminée. On est marqué, c'est la preuve que "The Sense of an Ending" est une réussite.