J'ai trouvé ce roman bouleversant de pertinence et de bienveillance. La première partie du roman pourra peut-être paraître longue à certains. Bill, en plein bouillonnement hormonal se débat avec la découverte de ses attirances et fantasmes multiples. Mais comment parler de l'adolescence correctement sans s'attarder sur cette période charnière où l'on a l'impression d'être une balle de tennis dans un match qui opposerait l'appartenance à une norme et l'affirmation de sa singularité?
Toutes les questions qu'un adolescent peut avoir en tête à propos de son éveil sexuel ne sont déjà pas simples quand il est un hétéro cisgenre attiré par des jeunes de son âge, mais Bill, lui, peut aussi bien être attiré par la star de l'équipe de lutte du lycée, que par son propre beau-père ou encore une bibliothécaire d'âge mûr.
Après l'étape de la réaliser, vient celle de l'intégrer, d'en parler, de la révéler au grand jour et bien sûr de vivre cette vie, sa vie et non une pièce de théâtre écrite pour un autre.
Car le théâtre, comme la littérature, sont parties prenantes de ce roman et mènent à l'épanouissement. Non seulement celui de Bill, mais celui de bien d'autres personnages. Car si il est question de sa bisexualité, il est aussi question de bien d'autres subtilités sur le genre et la galerie de personnages qui les incarnent est des plus attachante.
Par ce prisme multiple et varié en âges, il est permis à l'auteur d'aborder l'évolution des moeurs quant aux questions LGBT, mais également les barrières et les stratagèmes mis en place par chacun pour se faire une place dans une société pas toujours des plus accueillantes envers la différence.
Au milieu de cette tourmente, déboule une tempête tout aussi dévastatrice : le virus du SIDA fait son apparition et n'épargnera personne, pas même (et peut-être surtout pas) les survivants.
Je ne m'en étonne plus, parce que John Irving a très souvent cet effet là sur moi, je referme ce livre le coeur lourd et l'âme habitée par des personnages dont j'aimerai que chacun soit le héro de son propre roman tant ils sont flamboyants.