Livre sans intrigue, réduit à un unique personnage retiré du monde dont il méprise la laideur et la bêtise, et à un unique lieu, la maison de Fontenay, où des Esseintes vit retiré. Les journées, les nuits surtout, passent dans une solitude extrême, au milieu des peintures, des gravures, des livres, des tapisseries, des parfums, et des délires des sens.
Ce qui frappe le plus dans ce livre c'est la statique du corps, qui ne bouge jamais, réduit à un simple support des sens et de l'esprit. La langue magnifique de Huysmans, seule, crée un mouvement qui nous permet de ne pas étouffer, qui nous maintient, comme des Esseintes, en vie sur le fil de la beauté.
Lui finira, avant nous, par tomber malade de ses excès, ou plutôt de son ascèse, les sens étourdis, l'esprit renversé par des questionnements existentiels sans issue, pris de vertige devant des gouffres métaphysiques. Et la foi, qui seule peut-être pourrait permettre à des Esseintes de franchir le précipice, lui échappe toujours. Le médecin n'a alors plus d'autre choix que de lui prescrire le retour au monde, à la "vraie vie". L'existence est une maladie, certes, une maladie laide, pénible et incompréhensible, mais la vivre est encore son meilleur remède.