Bordel t'as déjà aimé un livre, je veux dire tellement aimé que c'est soudainement la folie mentale everywhere... mais que t'oses pas du tout le conseiller ?
Faut dire aussi qu'on se casse carrément le cul à la lecture ; comptez environ 40/50 pages qu'on parcourt en une heure. C'est donc très compliqué. Mon vieux, déjà que je suis du genre distrait là, j'étais obligé de me dire à chaque page "reste focus reste focus !". Le moindre bruit à l'extérieur te rend marteau, et le volet du voisin parti faire ses courses qui claque à cause du mistral te transformes en deux deux en Jack Nicholson des années 80. Faut rester concentré À MORT (si tu veux biter qué'qu'chose à ce qui est écrit).
Parce qu'au niveau de l'histoire c'est plutôt simple ; à la moitié du XIXe siècle, un Sudiste (Sutpen) issu d'une famille d'hillbillies d'un temps ancien, tente de monter un empire dans les plantations et manigance tout un plan pour y arriver ; il trouve la famille avec qui s'acoquiner, la femme à marier et les Noirs à réduire en esclavage. Sauf que.
Sauf que la famille qu'il engendre est maudite, il donne naissance à plusieurs enfants dont certains naissent d'esclaves ou de femmes rencontrées antérieurement, ce qui provoque bien entendu un bordel sans nom et est une sacrée métaphore de la fin de la glorification de ces gros richards du Sud qui ont tenté de sauvé des trucs après leur défaite de la Guerre de Sécession.
L'histoire est simple, donc. Mais le procédé narratif mon vieux. Je m'étais déjà fracassé les neurones sur Le Bruit et la Fureur (que je vous conseille), et devant la complexité de l'oeuvre, j'avais du m'aider de Wikipédia pour comprendre qui parlait, à quel moment etc.
Et bah là c'est pareil, Faulkner fait intervenir plusieurs personnages qui retranscrivent ou font des suppositions, bref enquêtent sur ce qui s'est déroulé pendant grossmerdo une cinquantaine d'années (de 1860 à 1910) ; l'enquête tient en putain d'haleine, mais elle est tellement dense que tu te retrouves à relire 3 fois le même paragraphe pour comprendre ce que tu viens de lire. C'est archi chaud. Un gros labyrinthe de mots qui t'empêche de reprendre ta respiration si tu veux tout savoir.
Juré y'a des fois j'avais la tête qui tournait tellement les phrases à rallonge venaient percuter ma lecture silencieuse. Le souffle coupé, pas parce que j'étais surpris ou quoi, mais juste parce que j'avais plus de souffle pour lire dans ma tête (c'est dingo hein ?). Et je trouve ça génial comme expérience, ça altère complètement ta façon de penser ou de réagir, tu suffoques à la recherche de la moindre bouffée d'air (la ponctuation) et Faulkner te colle des tartines à n'en plus finir et qui te mettent KO de par leur style bien bien lourd (mais dans le bon sens du terme wesh).
Un TRÈS grand roman sur la notion d'Héritage, d'abord celui d'un homme complètement louf mais aussi l'héritage des valeurs du Sud qui se retrouvent chamboulées, qui s'auto-crèvent tellement les bases sont pourries (esclavagisme, inceste, mariage arrangé, viol...).
T'y vas ou t'y vas pas hein, je prends pas le risque de te dire de lire coûte que coûte. Mais wow, putain d'expérience.