"J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie"
Le récit d'un révolté.
Moi qui d'habitude méprise les rebelles... Celui-ci vaut le détour. On pourrait le croire empêtré dans les problèmes socio-culturels de l'entre-deux guerre. Un peu passé, un peu vieilli.
Il n'en est rien. En ces jours de débâcle, où une certaine ironie, lassée des querelles de faction, nous conduit lentement à la perte de tout sens politique, il est bon d'entendre un cri de rage solide et systématisé.
C'est par le voyage que Nizan en vient à prendre les armes. Il détruit, l'un après l'autre, les clichés qui poussent à fuir. Le mythe Rimbaud? A méditer, à sa juste valeur. L'homme s'ennuie et il a peur. L'Orient ne lui apporte aucune consolation. C'est toujours la même médiocrité et la même solitude, un monde mené par des desseins obscurs, guerre, commerce, et transit.
La sagesse orientale est à mettre au placard, elle n'a jamais existé. Il ne reste plus qu'à revenir, et à lutter.
"La fuite ne sert à rien. Je reste ici: si je me bats, la peur s'évanouit. Je suis à moitié sorti d'affaire. Il faut être attentif, ne rien oublier. Ils guettent au fond de leurs trous confortables: ce qui nous attend n'est pas un avenir séduisant"
C'était mon côté anar. Si vraiment vous n'avez pas le sens politique, vous omettrez tranquillement le premier et le dernier chapitre, et apprécierez les tribulations d'un poète, la méditation sur le temps, l'espace, et, vingt ans avant Levy-Strauss, sur la fin des voyages.
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