Énorme coup de cœur. Je vous laisse avec quelques bonnes lignes qui donnent une idée du propos politique et religieux de ce livre où en 1092 se mêlent, violence, complot, luttes, aveuglement, martyr, assouvissement, paradis et drogue ...
« La force de toute institution repose essentiellement sur
l’aveuglement de ses adeptes. Selon leur aptitude à la connaissance,
les gens occupent un certain rang en ce monde. Celui qui veut les
guider doit tenir compte de la diversité de leurs capacités. Les
multitudes exigeaient jadis que les prophètes fissent des miracles.
Ils devaient en faire s’ils voulaient conserver leur prestige… Plus
bas est le niveau de conscience d’un groupe, plus grande est
l’exaltation qui le meut. C’est pourquoi je partage l’humanité en deux
camps bien distincts. D’un côté la poignée de ceux qui savent de quoi
il retourne, de l’autre l’immense multitude de ceux qui ne savent pas.
Les premiers sont appelés à diriger, les autres ressemblent à des
enfants. Les premiers savent que la vérité est inaccessible , les
seconds tendent les mains vers elle. Que reste-t-il dès lors comme
issue à ceux-là… sinon de nourrir ceux-ci de fables et de billevesées
? Mensonge et imposture ? Soit. Pourtant seule la pitié les y pousse.
Peu importe du reste l’intention, puisque la mystification et la ruse
sont de toute façon indispensables à celui qui veut mener les foules
vers un but clair à ses yeux mais que celles-ci seront toujours
incapables de comprendre. Ainsi pourquoi ne pas faire de cette
mystification et de cette imposture une institution concertée ? »
« Le souverain qui sait qu’il risque sa propre tête fait plus
facilement des concessions. Aussi la suprématie appartiendraient-elle
à celui qui tiendrait tous les souverains du monde enchaînes par la
peur. Mais pour être efficace la peur doit se donner de grands moyens.
Les souverains sont biens protégés et biens assurés. Seuls pourraient
les menacer des êtres qui non seulement ne craindraient pas la mort
mais qui la rechercheraient justement dans de telles circonstances.
Éduquer de tels êtres, c’est à quoi tend notre expérience de ce jour.
Nous voulons faire d’eux des poignards vivants, qui nous soumettent à
la faveur d’un seul geste et le temps et l’espace. Qu’ils sèment
partout la crainte et le tremblement. »
« Rien n'est vrai, tout est permis. »