L'Anabase est l'un des grands récits de voyages de l'Antiquité grecque : Xénophon relate la défaite des Dix Mille Grecs enrôlés par Cyrus contre Artaxerxès, et leur difficile retour depuis la Perse ennemie. C'est l'aventure épique mais dans une époque raisonnée, loin des exploits mythiques racontés par Homère : ici il n'y a ni monstre, ni dieux, ni magie, mais seulement un voyage vécu et raconté par l'un de ses meneurs.
Même isolée en Perse, l'armée reste Grecque : ils débattent et votent, ils instaurent la justice, ils mènent la guerre démocratiquement. Hippolyte Taine, qui redécouvre l'Anabase au milieu du XIXème siècle, a raison d'écrire : « Rien de plus curieux que cette armée grecque, république voyageuse qui délibère et qui agit, qui combat et qui vote, sorte d’Athènes errante au milieu de l’Asie ».
Enfin Xénophon montre le rétrécissement du monde, à la fin de l'ère Grecque : en quelques mois, les Dix Mille traversent l'Asie mineure et le Moyen-Orient, ils rencontrent des dizaines de peuples, s'allient avec certains et marchandent avec d'autres. Le temps est loin où les cités étaient isolées. Xénophon mourra à la naissance d'Alexandre le Grand, dont les conquêtes surclasseront l'expédition des Dix Mille. Arrien, lorsqu'il relate les aventures d'Alexandre vers l'Inde, leur donne en hommage le titre d' « Anabase ».
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