« Antigone », qui appartient au cycle thébain, fait partie des tragédies de Sophocle (-495 ;-406) ; on sait donc à quoi s’en tenir : les personnages sont victimes de leur destin (« On se bat sans espoir contre le Destin ») et ça finit mal ! La pièce est courte (46 pages) et comprend peu de personnages : Antigone, fille d’Œdipe et de Jocaste, sa sœur, Ismène, Créon, roi de Thèbes, leur oncle (frère de Jocaste, l’épouse et mère d’Œdipe), sa femme Eurydice et son fils, Hémon, fiancé d’Antigone. L’histoire est connue : les 2 frères d’Antigone, Polynice et Etéocle se sont affrontés mortellement pour obtenir le pouvoir. Créon refuse que l’on enterre Polynice à cause de sa félonie. Deux visions du monde s’affrontent : Créon, garant de l’ordre établi, privilégiant son pays avant sa famille et Antigone, qui a enterré Polynice, bien qu’ennemi de Thèbes car c’est son frère : elle refuse la loi des hommes, préférant « les lois non écrites, inébranlables des Dieux », d’autant qu’elle est « de ceux qui aiment, non de ceux qui haïssent ». Les 2 points de vue sont respectables et se défendent mais chacun s’entête, victimes de l’hubris, surtout Créon, qui a « le pied sur le tranchant de son destin » et qui n’écoute pas les conseils du devin Tirésias qui pourtant l’avait averti : « L’erreur est fréquente chez tous les mortels ; mais, l’erreur une fois commise, celui-là cesse d’être un sot, un malheureux, qui se guérit du mal qui l’a frappé et se laisse convaincre, tandis que l’entêtement se fait taxer de maladresse ». Cela déclenche en cascade de nombreuses morts dans une famille déjà accablée par le destin. Et le Coryphée de conclure : « La sagesse est de beaucoup la première des conditions du bonheur ». Une pièce très moderne (la traduction lue est de Paul Mazon) et toujours d’actualité. D’où les nombreuses adaptations théâtrales.