J'ai beaucoup aimé ce livre que je referme juste au moment ou L 214 nous sort une nouvelle vidéo navrante sur l'horreur concentrationnaire que vivent les animaux d'élevage...
Le sujet du respect de l'animal, qui devrait aller de soi pensais-je naïvement, est curieusement un gros sujet de débat. Le livre "Antispéciste" forme pourtant un constat édifiant de nos manquements vis-à-vis du règne animal. Caron procède méthodiquement dans son exposition du problème (notre aliénation de la Nature) et dans ses propositions (un virage vers un végétarisme raisonné). J'ai aimé que ce bouquin tache de nous éduquer sur l'histoire du droit animalier et sur les possibles solutions aux problèmes.
Certes Caron écrit déjà un peu pour les convertis (ce qui ne l'aiment pas politiquement ou qui refusent le débat sur la viande ne liront pas son livre mais le commenteront sûrement). mais ceux-ci apprécieront l'effort pédagogique. On sera soumis au début à presque un cours physique et de biologie. Caron a bien raison d'ancrer ses réflexions dans le réel, car c'est en raisonnant que l'on est amené à rejeter l'industrie qui massacre le monde animal. Le fait essentiel : l'homme est un animal, et la science nous montre chaque jour davantage à quel point les animaux et nous sommes semblables. Comme nous, les animaux ont des buts, un désir de vivre, combattent la mort, souffrent et aiment. Il est de plus en plus avéré que certains animaux ont une forme de conscience réflexive. Dès lors, les chosifier, les massacrer sans vergogne devient un sérieux et incontournable problème de morale et d’éthique.
Caron aborde aussi les proposition philosophiques sur les animaux et j'étais content d'apprendre que Schopenhauer, Montaigne, Marx, Max Weber ,Thoreau, Ghandi, Darwin etc... apportaient chacun de l'eau au moulin de la protection de la nature. (Deux chapitres sont certes un peu surprenant, un sur la réincarnation ( logique mais il faut adhérer ) et un autre sur ... Superman... Marrant)
Liée au problème essentialiste est évidemment la question du spécisme, de la hiérarchie que nous créons artificiellement au sein du vivant. (Séparer l'Homme de la Nature est d'ailleurs un des plus grands crimes de la religion monothéiste). Caron s'oppose à toute forme de spécisme sur des bases scientifiques (nous venons tous du même ancêtre, nous sommes véritablement, et dans la vraie acception du terme, les membres d'une même famille) et des bases morales ( notre devoir est de protéger les membres de notre famille qui sont plus fragiles).
Un point certainement polémique est bien sûr ici la comparaison entre racisme et spécisme, ou la très pertinente comparaison avec l'esclavage (ne parle-t-on pas d’ "abolitionnisme" pour les mouvements de défense des animaux ?) Caron justifie très bien cet audacieux parallèle.
Bon, il faut bien le dire, ce livre, si efficace dans son exposition du problème devient un peu trop longuet quand la question politique est atteinte. Non pas que Caron dise des choses fausses. Il aborde avec raison les tares d'une classe politique plus occupée à chercher des postes qu'à plancher sur le long terme, rendant impossibles les décisions qui s'imposent. De même que son portrait des différent types d'écologistes est intéressant (écologie profonde, écologie essentielle, écologie opportuniste à la EELV, etc...). Mais sachez-le, les derniers chapitres avec les remarques sur le gouvernement global etc..., et ce n'est pas un reproche, peuvent être un poil barbants en ces temps de pré-elections.
Petit énervement personnel :
Bon , j'ai trop écrit, mais le peu de cas que nous faisons du monde animal est un sujet qui me perturbe de plus en plus et la lecture du livre de Aymeric Caron est ici du baume au cœur quand on lit toute l'indifférence qui s'affiche partout ailleurs. Ras-le-bol de ce massacre que nous savons exister mais sur lequel nous fermons les yeux, ras-le-bol de ces corridas infectes, de ces chasses idiotes, de ces zoos honteux, de toutes ces traditions qui nous font martyriser des êtres qui aspirent tout autant à la vie que nous.
Le respect des animaux est un sujet qui attire souvent la moins digne des réactions : quand on parle de la souffrance des bêtes, les gens qui aiment leur viande viennent chouiner comme si c'était eux qu'on menait à la mort... Indécent retournement...
"Cet agneau qui bêle de terreur mérite t-il vraiment qu'on lui arrache les membres alors qu'il n'a pas vécu sa vie? "
- Ouuuiiiiin, mais moi j'adore l'agneau, espèce de... de... totalitaire !!! Staliniiiiiste !!!!".
" Oui mais l'agneau, lui, il adore la vie..."
- Ouuiiiiin, oui mais moi, euh... La caroooootte !!!! La carotte elle souffre aussiiiiii !!!! " etc . etc...
Amis qui aimez les animaux, si ce type d'arguments à deux balles vous fatigue, lisez le livre de Caron, l'intelligence repose... Perso, j'approuve quasiment tout ce que dit ce livre...
Votre mission, si vous l'acceptez, consiste à découvrir cet excellent bouquin, à la lecture aisée et pédagogique, puis à essayer de manger de la viande deux fois par semaine au lieu de tous les jours, à l'acheter bio et locale, à refuser les trucs roses aux nitrites du supermarché, à lire sur le monde animal, à regarder une vache, à regarder votre chien et à vous faire une opinion. On vous retrouve dans un an quand vous serez végétarien(ne) :-)
Recommandé guys et guysettes!!