"Devant l'hôtel de ville, les membres de la confrérie de la Tarte d'jote engloutissaient la fameuse spécialité aux bettes qui leur poissait le menton. Le désespoir me cueillit : si la cigogne avait un peu mieux fait les choses, j'aurais dû être en train de faire du roller à Santa Monica, du surf en Australie ou du shopping à New York. Mais non, j'étais née à Nivelles."
Ainsi parle la narratrice, meilleure amie d'Ariane, la lumineuse et bourgeoise Indienne adoptée par des parents sinon incestueux du moins très libéraux avec qui elle fera les 400 coups en Belgique, dans les années 90. Ayant été ado à cette époque, les références me sont très familières, des séries "Beverly Hills" et "Hartley coeurs à vif" en passant par les Doc Martens et la messagerie Caramail... et j'ai été littéralement happée par cette écriture féroce et sans fard, crue, ironique et sans concessions et tellement drôle (enfin surtout dans la première partie car après ça devient plus grave) et j'ai dévoré ce roman d'un trait.
La narratrice, donc, en colère contre son milieu social incarné par des parents détestables et à l'esprit étriqué nous confie très vite qu'un drame est arrivé et si son amitié avec Ariane devient fusionnelle à la vie à la mort, elles enchaîneront les humiliations envers leurs homologues masculins avec une cruauté peu commune et les querelles d'ados jalouses. Leurs chemins se sépareront et ce sera l'occasion pour la narratrice anonyme de questionner la véracité de sa démarche littéraire ainsi que la santé mentale de son ancienne amie...