N'y connaissant fichtrement rien à rien, je m'étais toujours imaginé l'écrivain George R.R. Martin comme un vieil ermite ventripotent à la barbe aussi longue que le sexe de Rocco Siffreddi, vivant dans une caverne entouré de vieux grimoires, de peintures à la gloire de Tolkien et écoutant à longueur de journée les oeuvres de Glenmore. Si je n'étais pas totalement éloigné de la réalité (bah oui, le mec a une longue barbe), son livre "Armageddon Rag", paru en 1983 mais publié chez nous que récemment, m'aura permis de découvrir une facette plus rock'n'roll de l'auteur de "Game of thrones".

Lauréat du Prix Balrog en 1984, "Armageddon Rag" débute comme une sorte de "Citizen Kane" au pays du rock, le lecteur suivant les investigations d'un ancien journaliste devenu écrivain au succès tout relatif tentant d'élucider l'horrible assassinat d'un magnat du disque connu pour avoir lancé le plus grand groupe de rock (fictif) de tous les temps. Une enquête qui aura bien évidemment des répercussions bien plus personnelles que prévu.

Prenant le temps de construire son intrigue et d'instaurer une ambiance prenante tout autant que des protagonistes un minimum soignés, Martin plonge son lectorat dans l'Amérique amère des années 80, celle des anciens hippies, des contestataires revenus dans le rang, des idéaux ensevelis sous une tonne de regrets et de rêves brisés. Grâce à une écriture intelligente et alerte, Martin parvient à retranscrire toute la fureur et la portée de la musique sous toute ses formes, une musique qui aura accompagné, qu'on le veuille ou non, les plus grands bouleversements de notre histoire, qu'elle soit antique ou contemporaine.

Bien que n'échappant malheureusement pas à une poignée de clichés et de facilités, "Armageddon Rag" est une plongée aussi fascinante que désabusée au coeur d'un rêve n'appartenant plus qu'au passé, un mélange efficace de chronique rock et de fantastique insidieux, qui donne une furieuse envie de brancher la platine et de faire crier le diam's, de réveiller les fantômes de Janis, de Jim et de Jimi, pour un dernier baroud d'honneur avant que l'aube ne se lève sur un avenir bien conformiste.

P.S: un grand merci à VesperLynd pour avoir fait découvrir l'existence de ce livre à un inculte ne connaissant George R.R. Martin que pour sa saga "Game of thrones".
Gand-Alf
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le 12 août 2014

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