Comme les critiques compétents vous le diront mieux que moi, Au dessous du volcan est un livre très sérieux, littérairement, Lowry a lu plus que de raison ; il a dû adorer Faulkner, Dante, Joyce, et Aiken, évidemment. C'est symbolique dans tous les sens, c'est courant de pensée, c'est plein de niveaux de lecture ; c'est vraiment très chic, voyez vous, on y parle dans plein de langues, on voit à travers chaque personnage, le livre se passe en une seule journée, il y a douze chapitres, comme pour faire comme l'horloge, et il y a ce tic-tac, qui revient tout du long, vraiment du bon travail.


Toute une journée donc, mais vous savez comme moi, et c'est pire avec une gueule de bois, or les gueules de bois, c'est un peu la spécialité du Consul, notre héros, et quel héros !, que tout n'est pas bon dans une journée ; avant tout, pire que tout, il y a le matin, déjà un matin normal c'est chiant, mais avec une gueule de bois, quelle horreur. Et pourtant, le livre commence comme ça, un matin, une gueule de bois, parce que le Consul, je vous ai dit qu'il n'était même pas consul ?, boit affreusement chaque soir, et le style est âpre, les phrases lourdes et dures résonnent assez vides dans notre mauvaise humeur. Quelques pages et déjà la journée à venir semble vaine, on pourrait abandonner ici, se recoucher, laisser tomber, comme Guyness, qui à un affreux matin mexicain - sa chaleur pesante derrière les volets, qui s'écrase sur les draps trempés - préfère une longue nuit irlandaise !


Il a entièrement raison ! De préférer la nuit ; on y reviendra, mais revenons à notre journée qui s'enfuit.


Vient, forcément, l'après-midi, Lowry nous pose les bases de l'histoire : arrive Yvonne - quelle horreur, Yvonne, comme prénom, mais passons - l'amoureuse partie depuis bientôt un an, l'amoureuse abandonnée, et puis Hugh, le petit frère, tout le monde se retrouve à Oaxaca pour une longue journée en famille. J'aime bien, boire un verre l'après midi, c'est une ivresse tout à fait différente de celle de la nuit, une ivresse qui vous transforme et transforme le monde autour de vous. Un aperçu sur le Paradis en pleine descente vers les Enfers.


Après un premier verre, de Mescal, il rigole pas notre Consul, le livre change délicatement de style, et tranquillement se fait grandiose, merveilleux. Les phrases s'allongent, tournent sur elles-mêmes et virevoltent dans les airs tremblants de chaleur. Au dessous du volcan devient un livre d'amoureux, un livre d'alcoolique, et s'amplifie à chaque verre bu en cachette d'Yvonne, il devient un livre grand, fort et violent, un livre fou, de colère, de désespoir, et toujours, d'amour. Les quatre derniers chapitres me sont tombés dessus comme le Saint Esprit sur Saint François ; illumination, souffrance, pitié, amour - encore !


Mais vous savez, j'aime l'amour.

JZD
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le 12 déc. 2013

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J. Z. D.

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