Attiré par la promesse d'une terre riche à peu de frais, Joseph Wayne quitte son Vermont natal pour se rendre à l'Ouest. Il est rapidement rejoint par ses frères et font fructifier leur domaine.
La complicité spontanée avec la Nature chez le paysan est ici poussée à l'extrême chez Joseph. Il développe un amour inconsidéré pour sa terre, jouissant de sa fertilité, l'éclosion des fleurs, la maturité des fruits, la naissance des animaux, et redoute l'idée horrible du retour des années sans pluie.
Surtout, il croit voir l'esprit de son père récemment décédé dans l'arbre qui domine sa maison ; il lui parle et lui fait des offrandes. Ce panthéisme sans nom aura tendance à apeurer son entourage et à énerver au possible son jeune frère pasteur. Foi dangereuse d'après la société de la vallée, résidus de rites païens condamnant au Diable, mais amour simple et dénudé de Joseph - et assurément de l'auteur - pour ce qui l'entoure. Ce léger mysticisme insufflé de croyances indiennes et de chamanisme trouve son incarnation dans une étrange clairière pointée d'un rocher mousseux. On retrouve également un certain parfum d'Ovide, de Virgile, de Malick et d'Hésiode dans ces travaux journaliers et les montagnes, les rivières, les forêts de pins ont la mine d'anciens dieux métamorphosés.
Second roman mais premier purement "steinbeckien", le premier - la Coupe d'or - relatant la vie d'Henry Morgan. L'auteur a avoué avoir mis plus de cinq pour finir le livre et il connaîtra un échec commercial. En marge, "mineur" pourra-t-on dire, Au Dieu Inconnu propose pourtant un héros marquant et annonce les thèmes prépondérants d'A l'est d'Eden et des Raisins de la colère. Un court roman qui déjà décrit avec simplicité mais acuité le quotidien des gens simples de l'ouest, leurs plaisirs et leurs épreuves, de la récolte à la terrible sécheresse.