Portrait d'une jeunesse qui tente de retrouver une vie normale après l'horreur de la guerre. Les survivants se sentent parfois coupables d'avoir survécu, ne parviennent pas toujours à se remettre aussi bien qu'ils en donnent l'impression. Certains n'ont connu, de leur vie d'adulte, que les tranchées.
Aurélien a au moins la chance de ne manquer de rien, de n'avoir pas besoin de travailler, de n'avoir pas été blessé – qu'à l'âme – et de plaire aux femmes. Le roman raconte son histoire d'amour avec Bérénice, une histoire loin d'être un coup de foudre tant on a l'impression qu'ils ont été poussés l'un vers l'autre par des amis communs. Une histoire dont on se sent proche, parce que, finalement elle ressemble à la vraie vie avec ses allers et retours du cœur, avec cette attente interminable d'une visite ou d'un rendez-vous, avec ces pensées obsessionnelles, ces inquiétudes qui font que l'autre d'un coup, prend toute la place.
Il venait de choisir sa route, subitement. C'était sans appel. Il en avait décidé. L'amour. Ce serait donc l'amour. C'était l'amour. Un bouleversement total, une agitation intérieure. L'amour. L'étrange nouveauté de ce mot tu serrait le cœur. Il détourna la tête et regarda le feu. Le feu, les flammes. Des détails infimes de la bûche ardente, avec une frange de cendres blanches sur le bord grillé, l'intéressèrent au-delà de la raison. Et très doucement il retrouva le nom, puis le visage...Bérénice...
Evidemment c'est plus compliqué que ça, l'histoire d'amour n'est pas sans embûches, quiproquos et rendez-vous manqués. Et Aragon nous la sert avec son contexte, ses personnages illustrant les différentes classes sociales et catégories de personnes que l'on rencontre dans le Paris des années 20. Il explore tout à tour le milieu artistique, celui des vétérans, des affaires, des magouilles, aussi. Il raconte autant les personnages que l'univers et même si cela nous détache un peu de notre histoire d'amour, on prend plaisir à lire toutes ces aventures des personnages liés à Aurélien et Bérénice.
Le dénouement, un peu attendu – en partie – et romanesque mais poignant clôt l'histoire d'une très belle manière et l'on est un peu triste de les laisser là après avoir passé tant de temps avec eux.