Les vacances, la chaleur, toutes les activités qui fonctionnent au ralenti, y compris SC, peut-être que les circonstances sont pour beaucoup dans mon appréciation de ce roman avec lequel je découvre Laurent Mauvignier.
En effet, son style fluide, un peu trop, me fait penser qu’il appartient à cette catégorie d’auteurs contemporains qui n’écrivent plus mais parlent, racontent. On dirait que son premier jet a été enregistré, donnant un grand naturel à son écriture, naturel qui parfois peut être agaçant tant les phrases sont longues sans nécessité, comme poussées par un flux de conscience qui tend à s’attacher aux détails. Le langage se fait oublier, il devient transparent pour ne plus laisser voir que la réalité qui seule importe, comme affranchie ; souvent, j’ai pensé que je ne lisais pas un roman mais que je regardais un film.
J’ai eu du mal à rentrer dans cette écriture. Mais à un moment, elle m’a comme happé dans ces réalités multiples. On fait bien le tour du monde, passant d’une histoire à une autre, d’un univers à un autre. De New York à la Thaïlande, du Japon à la Russie, de l’Afrique au Moyen Orient, de Paris au milieu de l’océan, on suit des histoires très différentes, on rentre et on s’imprègne d’atmosphères multiples, toutes bien campées. Les histoires sont tendres, cruelles, banales, extraordinaires, les personnages attachants, repoussants, effrayants.
Mais le roman ne constitue certainement pas une suite de nouvelles ; les histoires sont toutes reliées entre elles par un événement : le tsunami au Japon de 2011. Simple allusion, images vues dans les médias, vécu, chaque histoire rend compte au moment même où elle se produit de cette catastrophe plus universelle qu’il ne semblerait. A noter l’originalité et la finesse des transitions entre les histoires séparées par une image qui les symbolise ; seulement, ces images ne marquent pas toujours le début d’une histoire, celle-ci peut commencer soit un peu plus tôt, soit un peu plus tard. Ce procédé nous donne bien l’impression d’une chaîne de vie qui réunit « tous ces gens qui se frôlent et ne se rencontreront jamais ».
Un roman agréable, au narrateur discret sachant pourtant embarquer son lecteur à travers le monde : je le recommande.