Ah quel génie ! Ah quel salaud !

Et oui car aujourd'hui, on ne peut pas dire aimer Céline sans préciser que l'homme était épouvantable, qu'il était la pire crapule antisémite, un moins que rien. Il est de bon ton d'admirer le Voyage Au Bout De La Nuit, un peu Mort à Crédit, et de pourrir l'homme et le reste de ces livres sans en connaître grand chose au fond.
Il faut bien admettre que la plupart des affreux qui s'abaissent à cet exercice n'ont pas lu une ligne d'un livre qu'on dit horrible par dessus tout !
Il suffirait néanmoins à n'importe qui d'utiliser un peu d'intelligence pour se rendre compte que Bagatelles pour un Massacre est bien plus que ça.
Qui parle aujourd'hui des ballets de Céline ? (Ballets d'ailleurs regroupés dans un livre à l'Imaginaire Gallimard), qui sont pourtant une part importante de Bagatelles Pour Un Massacre, et dont l'auteur disait qu'il s'agissait là de ces meilleurs lignes !
On ne parle pas non plus de ces merveilleuses lignes sur les danseuses, et des quelques moments de pures tendresses comme on n'en trouve que chez Céline.
Bagatelles pour un massacre, ce massacre, c'est celui que Céline pressent, car il a du pif, finalement. Et il veut l'éviter, Céline, avant d'être un écrivain, est un ancien combattant. Un homme qui s'est pris du plomb dans la caboche et qui a vu ce que c'était, la guerre...
L'époque était grave, Céline l'était aussi, misanthrope avant tout, il exécrait tout ceux qui poussaient à la guerre, y compris les allemands, les russes... Époque violente amène propos violents, et Céline en était, pour sûr. Il en rajoute même ! Jusqu'à l'absurde ! A la sortie du livre, un critique du Canard Enchaîné trouvait Bagatelles Pour Un Massacre comme une sorte de pamphlet satyrique, tant Céline ne pouvait être sérieux dans ces propos tant exagératifs !

On ne peut pas acclamer Céline de génie pour ces deux premiers romans, et direct ensuite, le traiter de salaud pour Bagatelles Pour Un Massacre... Car ce dernier est au fond une suite logique, car Céline y continue d'y décrire l'Homme par l'absurde de sa situation, de sa méchanceté à l'encontre de tout, de ce qu'il y a de plus terrible...

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