"Toutes les femmes sont des filles, il faut s'en servir et ne rien leur donner de soi. "
Bel-Ami, ou l'affreux personnage que l'on adore.
Il est faux, arriviste, égoïste, mais qu'est ce qu'il est bien construit ! Enfin, je veux dire, son portait psychologique est tellement parfaitement fait tout au long de l'oeuvre...
Il sait parler, il sait séduire, il garde un sang froid incroyable en pensant à une nouvelle conquête féminine alors qu'il est dans le lit de sa maîtresse. Et il est sûr de lui. Sûr de lui après l'épisode ultra-connu de la montée des escaliers chez Forestier. Après sa rencontre avec lui même, avec sa propre apparence. Et alors il réalise qu'il peut aller loin. Et il monte confiant à son dîner chez Forestier.
Il escalade les escaliers, escalade la société. Parce que Duroy sait faire marcher les femmes, et les femmes font marcher les hommes. Duroy sait faire marcher le monde. Le plier à sa volonté, avec sa moustache et son haut-de-forme et tout.
Et on est heureux de voir ce bon Georges parvenir à ses fins. Il vise toujours plus haut, toujours plus fou, on se dit même parfois que c'est un peu impossible, mais, ah ! Il sait ce qu'il fait. Les mots sortent de sa bouche comme s'ils étaient pensés au plus profond du coeur. Manipulateur de talent, oui oui. Impressionnant. Et on sait qu'il réussira dès l'épisode de la montée chez Forestier. Forestier, la porte à la richesse et à la haute société rêvée depuis son petit appartement minable, depuis son village natal.
Et on assiste avec délice au couronnement final de Duroy. Du Roy, comme vous voulez. Juste après sa sacralisation, son couronnement.
Et on voudrait le haïr, de parvenir à des fins si mauvaises par tant de moyens si laids. Mais en même temps, il faut du talent pour réussir, même par cette voix. Bien joué, Georges.
Et ce couronnement final est parfait. Parfait en conclusion à toute une ascension. Regardez-le, tout en haut.
Maupassant nous offre un portrait de Duroy tellement parfait, une histoire au rythme toujours soutenu, quelqu'un à haïr avec respect, une jolie critique du milieu journalistique, difficile d'y résister. Et puis on va dire des banalités, mais il écrit bien quand même, hein.
Je voudrais aussi dire que j'ai vu les 20 premières secondes du film avec Pattinson, et qu'il y a une loi qui dit que Georges Duroy porte la moustache. Sinon il ne peut pas s'appeler Georges Duroy. Désolée mais c'est pas possible. Y'a eu des traités signés pour ça et tout.
"Les paroles d'amour, qui sont toujours les mêmes, prennent le goût des lèvres dont elles sortent."