Georges Duroy est un bien médiocre personnage. Envieux, jaloux, lubrique, travaillant comme petit employé dans les chemins de fer, il aspire à plus, à des femmes, à de l'argent et à de la gloire. Pourtant, il est mauvais en tout et n'a aucun talent à part peut-être de savoir séduire des femmes. Au détour d'une ballade dans le tout-Paris où il se rend compte de la vacuité de sa bourse, il rencontre Monsieur Forestier, un ami de l'armée dans laquelle ils ont servi en Algérie. Grâce à cet ami aussi méprisant que méprisable, il entre dans un journal où il gravira les échelons petit à petit, grâce à ses maîtresses et à ses multiples épouses qu'il choisit par opportunisme. Entre cruauté, coups fourrés et inhumanité, Georges Du Roy rivalisera d'ingéniosité pour arriver au sommet, et il y arrivera avec dans le viseur la Chambre des Députés.
Guy De Maupassant nous offre de nouveau un regard cynique et cruel sur une société française dans laquelle méchanceté et tromperie tapissent les doreries parisiennes. Plus que les paysans et les aristocrates, c'est la moyenne bourgeoisie parisienne qui est visée et qui constitue les républicains radicaux de la IIIème République. Ceux-ci s'adonnent à la manoeuvre politique et noyautent les journaux. Les femmes semblent prendre dans ce milieu social une importance particulièrement intense par les discussions de salon, l'organisation de dîners et les boudoirs aménagés avec leurs amants. Point de pudibonderie ou de répression conservatrice dans cette société là, au contraire, l'Eglise et les magistrats font pâle figure face aux élites corrompues, aux gouges et à une société finalement très creuse et mauvaise.
A la fin du livre, on finit par se poser cette question : et si ce bon Forestier était le moins mauvais d'entre tous ?