Séverine, belle jeune femme effacée issue de la haute bourgeoisie (Mme Catherine Deneuve), s’ennuie quelque peu dans sa vie arrangée jusqu’au moindre détail. Elle forme pourtant, au moins en apparence, un couple idéal avec son mari, Pierre, idéal sous tout rapport à première vue (M. Julien Sorel). Aussi commence-t-elle à faire des rêves étranges qui témoignent de sa volonté de rechercher du sel dans sa vie. Une amie à elle (Mme Macha Méryl) l’oriente vers une maison close. Avec un peu d’appréhension, elle finit par s’y rendre et spécifie ne pouvoir travailler qu’en journée, pour ne pas enrailler sa vie de famille, ni, encore moins élever de soupçon. C’est de là qu’est trouvé son surnom de Belle de jour. Elle finit par en voir des vertes et des pas mûres, elle manque ne pas revenir, puis finit par prendre goût à ces rendez-vous rémunérés. Une rencontre la marque plus que d’autres, celle d’un type apparemment louche, aux nombreuses dents en or, de silhouette gracile mais d’un genre peu rassurant (Pierre Clémenti), qui va finir assassiné dans un règlement de compte, ce qui ne manque pas de causer de la peine à Séverine. Et aussi finit-elle par rencontrer un ami de son mari (M. Michel Piccoli), qui lui garantit de garder le secret, tout en semblant vaguement amusé de la situation.
Dans l’air du temps pour sa forme, ce film montre un érotisme chaste et une vision fantasmée de la prostitution, à savoir un défouloir à fantasmes qui s’avère libérateur pour la femme, de surcroît si elle arrive à échapper ainsi à la morosité d’un quotidien ennuyeux. Si ce genre de prostitution existe, elle ne correspond pas à l’exploitation de la très grande majorité d’entre elles. Cette œuvre-phare qui a marqué les esprits s’avère tout à fait pernicieuse, tant le roman éponyme que le film qui l’adapte, car il véhicule l’idée d’un phénomène relevant de la facilité et contribue l’opinion publique à en rester à cette image trompeuse touchant à la libération sexuelle. Subséquemment, je ne vous cache pas qu’il m’agace foncièrement, tout en ayant conscience de rester minoritaire sur le sujet, avec les regrets accompagnant l’absence de lucidité et l’aveuglement général.