Un peu d'ether vous ferait du bien.
Ma critique ne sera pas forcément aussi enthousiaste que celles qui me précèdent. Même chose pour celles qui me suivent. Avant de démarrer Belle du Seigneur, j'ai lu sur Wikipédia une impression élogieuse de je ne sais plus quel ponte de la littérature qui affirmait que ce roman faisait partie des dix livres les plus beaux du siècle passé. Rien que ça. Avançant sans peur vers les mille pages et quelques, je me lançais dans ce que je croyais n'être qu'une histoire d'amour foireuse, comme il en existe déjà tant.
Solal et Arianne forment en quelque sorte l'archétype du couple amoureux dans son intemporalité. S'ils avaient vécu au 21ème siècle, leur dépendance sentimentale aurait été agrémentée de textos à longueur de journées, de conversations Facebook et photos dans tous les sens. Sans toute cette ère numérique ne leur restait que les télégrammes (ou plutôt térégrammes ?), lettres amoureuses et baisers à la volée. On pourrait accuser l'auteur de cynisme, il n'en demeure pas moins que ce qu'il nous donne à voir reste la réalité la plus effroyable qu'il est possible de vivre pour un être humain : connaître les envolées de la passion amoureuse, se laisser littéralement bouffer par ses exigences pour ensuite laisser de côté le recul nécessaire à la survie de chacun. Ce double suicide reste la métaphore de deux êtres qui ne peuvent plus se supporter et abandonnent leur relation la mort dans l'âme.
Belle histoire, sublime histoire à laquelle pourtant je vois quelques travers : j'ai dans l'ensemble trouvé les personnages détestables, à part peut-être Hyppolyte Deume. Ariane est une gamine capricieuse insupportable, Solal un être paranoïaque à la limite de la dépression, Adrien Deume un imbécile de première et je pourrai continuer ainsi pendant longtemps. Toute cette superficialité, très probablement voulue par l'auteur a rendu la lecture de certains passages difficile où je n'ai malheureusement pu y admirer que le style, à défaut de me sentir en adéquation avec le fond du propos.