Bien-être s'inscrit dans un certain sillon de la littérature américaine, questionnant le rêve américain de l'intérieur, la tendance Richard Bausch, dirons-nous.
La première remarque qu'on peut faire, c'est que... c'est long. Qu'on comprenne bien, j'ai déjà critiqué ici, et donné parfois la note maximale, à des romans plus volumineux. Mais disons que Bien-être aurait gagné à être plus précis. Au début notamment, les formules se répètent pour enfoncer le clou, disant deux fois de suite la même chose, une écriture tautologique, en somme. Heureusement, cela finira par s'arrêter, mais des rappels inutiles de choses déjà connues parsèmeront le récit, comme si Nathan Hill n'avait pas confiance en la mémoire de son lecteur! Et que dire de ces longs chapitres décrivant le fonctionnement des algorithmes de facebook, étirant ainsi ce qui aurait pu être dit en quelques lignes? Bref, premier constat : c'est long.
Ces allers-retours chronologiques, en revanche, dévoilant savamment le pourquoi des éléments de l'intrigue, c'est plutôt pas mal, et cela offre, en remettant certains aspects en perspective, des passages amusants.
Nathan Hill souhaite manifestement nous offrir un tableau malicieux de l'Amérique actuelle à travers ce couple, de prime abord un peu inadapté. Ce n'est pas tout à fait réussi, même si certains passages touchent particulièrement juste. On regrettera qu'ils soient perdus dans une volonté de jouer habilement avec son intrigue et les différentes perspectives qui dessert finalement le propos là où Richard Bausch, déjà cité, jouait plutôt de l'épure pour aller à l'essentiel.
Au final, Bien-être est un roman intéressant, mais peu abouti. On suivra néanmoins avec intérêt la carrière de Nathan Hill, espérant qu'un prochain roman, dégraissé de ses effets de manche, laisse plus de place à son talent manifeste.