Sérieusement, quand l'un de vos écrivains préférés, Jonathan Coe, publie un livre intitulé Billy Wilder et moi, le susdit étant l'un de vos réalisateurs chéris, que faire d'autre que de courir ventre à terre à la librairie la plus proche ? Le livre est à hauteur des attentes, une plongée sur le tournage de Fedora, l'avant-dernier film, sous-estimé, du réalisateur de Certains l'aiment chaud. L'heure est à la mélancolie et à la nostalgie pour un cinéaste un peu has been dans les années 70, dépassé par les "barbus" d'Hollywood : Spielberg, Coppola et Scorsese. Le scénario de Billy Wilder et moi n'a rien de révolutionnaire en soi, certes, avec les souvenirs d'une assistante et traductrice sur le tournage de Fedora en Grèce, mais permet à Coe de déployer tout son savoir faire entre réalité (le roman est très documenté) et fiction, entre saillies drolatiques du réalisateur et premiers émois d'une héroïne, alors toute jeunette, et qui va faire son apprentissage de la vie auprès du réalisateur et de son entourage. Quelques unes et des scènes du livre sont éblouissantes, en particulier celle de l'onctueuse découverte du fromage de Brie, dans une ferme de Seine-et-Marne. L'ouvrage est délicieusement désuet, certainement moins dense que d'autres œuvres de Jonathan Coe, mais le charme agit pleinement et donne furieusement envie de revoir Fedora avec la jeune Marthe Keller, notamment. Un pur bonheur, pour les amateurs de littérature, de cinéma et ... de fromage.