La colère. C'est ce qui ressort de cette lecture. Colère d'un personnage/écrivain/narrateur (c'est autobiographique), qui ne comprend pas pourquoi il n'a pas les mêmes chances que les blancs, simplement parce qu'il est noir. Vivant dans une famille bigote et fermée sur elle-même, il n'a pas appris dès son plus jeune âge à vivre dans le monde des blancs. Or ce qu'un blanc exige d'un noir dans ce sud du début du XXème siècle, c'est l'obséquiosité, l'effacement et la gratitude, et il est incapable de s'en accommoder.
Le noir, c'est le nègre, une race inférieure qui a encore bien de la chance qu'on daigne s'occuper de lui, et à l'occasion lui donner de la mélasse si vieille qu'elle en est moisie. Pour Richard Wright, un seul espoir, s'échapper vers le nord, cette contrée idéalisée où le noir peut redresser la tête et vivre sa propre vie, avec dignité, où le noir cesse, peut-être, d'être un nègre.
Richard Wright, c'est l'enfant qui aimait les histoires, qui tente d'écrire lui-même, bien que personne ne comprenne ses aspirations. Mais même ces histoires qu'il lit dans des pulps le ramèneront brutalement à la réalité, lorsqu'il se rendra compte que le support journalistique dans lequel il les lit est un organe du Ku Klux Klan. Son monde imaginaire lui-même n'est pas fait pour les noirs.
Black boy est, malgré le titre, l'histoire d'un petit garçon qui n'est à sa place ni chez les blancs, ni chez les noirs, l'histoire de quelqu'un qui n'a pas sa place en ce monde et dont l'existence même est menacée. C'est l'histoire d'une quête pour avoir, simplement, le droit de vivre.