Quatrième tome des enquêtes de Cormoran Strike, héros imaginé par Robert Galbraith (alias JK Rowling), qui fait suite à un épisode initial laborieux et à deux volets suivants très réussis.
Cette fois le niveau baisse d'un cran, même si le plaisir de se plonger dans cet univers reste bien réel, grâce à la capacité de l'auteur à esquisser des personnages vivants et des situations accrocheuses.
On est cette fois plongé dans le milieu de la politique nationale anglaise, nos deux détectives - désormais associés - étant embauchés par un parlementaire conservateur, également ministre de la Couronne, victime d'une tentative de chantage. Afin de pouvoir enquêter sous couverture, Robin se fait alors embaucher comme assistante au Parlement britannique, au moment où vont débuter les Jeux Olympiques de Londres.
L'occasion pour Galbraith d'offrir un portrait au vitriol de l'aristocratie britannique, une élite aussi arrogante que pervertie. Les couches populaires ne valent guère mieux, un constat illustré par les magouilles de Jimmy, un activiste d'extrême-gauche plus intéressé par ses propres intérêts que par la grande cause qu'il prétend incarner.
Toujours jalonnée de chapitres consacrés à la vie privée "compliquée" de nos deux héros, la lecture de "Lethal white" se révèle donc agréable, mais se heurte à deux problèmes majeurs.
D'abord, le livre est beaucoup trop long. Je faisais récemment le même reproche au "Serment des limbes" de Grangé, mais ici c'est encore pire (près de 1000 pages en édition poche). J'ai du mettre un mois à lire le bouquin, sachant que je suis un gros lecteur (et que j'ai toujours plusieurs livres sur le feu) : ce n'est simplement pas raisonnable, on parle d'un polar grand public, pas d'un roman russe.
Surtout que l'intrigue s'en ressent forcément : pas tellement en terme de longueurs (la lecture reste plaisante, c'est la grande qualité de Galbraith-Rowling), mais a posteriori on réalise que certains passages s'éternisaient de façon complètement artificielle (inutile à l'intrigue).
Ce qui m'amène au deuxième défaut : l'intrigue elle-même, ou du moins son dénouement, très décevant tant la résolution de l'énigme ne surprend guère, et tant les explications finales semblent confuses, tarabiscotées voire bancales.
Au cours de ma lecture, je réalisais à quel point Galbraith s'inspirait d'Agatha Christie, dans sa manière de distiller les indices, fausses pistes et demi-vérités pour accentuer le mystère ; sauf que la Reine du crime savait retomber sur ses pattes, avec des explications parfois alambiquées, certes, mais aussi une cohérence remarquable, et une forme de limpidité que je n'ai pas retrouvée chez Galbraith.
Une légère déception donc que ce quatrième tome, qui ne devrait toutefois pas m'empêcher d'être au rendez-vous de l'épisode suivant, intitulé "Troubled blood" en VO, et pas encore disponible sur le marché français.