Foisonnante, c'est le terme qui convient - je crois - pour décrire Bloody Miami.
D'entrée de jeu on penserait que les Cubains vont être au cœur du roman. C'est un peu vrai puisque Nestor Camacho est le personnage central, celui qui - à son insu - va réussir à s'attirer la haine de pratiquement toutes les communautés de Miami, Cubains, Afro-américains, peut-être des Haïtiens et des Russes, à l'exception des WASP qui l'érigent en héros. Mais toute une galerie de personnages entrent également en jeu : Magdalena, l'infirmière cubaine qui rêve de réussir sa vie hors de sa communauté, Norman le psychiatre malsain obsédé par son entregent (et son entrejambe), John "tu-parles-d'un-nom" Smith le jeune journaliste ambitieux, Sergueï qu'on découvre sous des prismes très différents avant de l'approcher réellement, les Haïtiens (par Ghislaine et sa famille) qui ne sont malheureusement pas assez développés, sans parler du Chef de la Police et du Maire de Miami qui illustrent parfaitement les circonlocutions du discours politique universel.
Tous ces personnages, toutes ces communautés, animent le roman et suscitent des questionnement réguliers sur tout un tas de thèmes (l'immigration, le journalisme, le monde de l'art, l'intégration, les discriminations, l'éducation, etc.) sans qu'on en perde pour autant le fil de l'intrigue.
Petit point négatif : il me semble que la traduction ne rend pas justice à l’œuvre originale. L'écriture est elle-même foisonnante, et dans ce style très parlé, où les successions d'onomatopées alternent avec des pensées ou des cris de rage intérieure, au milieu d'un dialogue ou d'une narration, il faut que la lecture soit la plus facile possible. Bref, c'est sans doute très difficile à traduire mais, pour moi, la version française manque de dynamisme et d'"actualité".