Je vous avais prévenus ici que j'allais pondre une nouvelle critique de livre, tout en ayant précisé que cela n'était pas dans mes habitudes.
Alors pourquoi ce geste ?
En réalité je ne me l'explique pas vraiment, si ce n'est qu'il est la conséquence d'une discussion que j'ai eue il y a quelques heures avec une merveilleuse personne qui se reconnaîtra. Je lui ai dit que j'avais eu une irrépressible envie de relire ce "Bonjour tristesse" que j'avais rencontré lors de mon adolescence et qui m'avait beaucoup plu à l'époque mais dont je n'avais finalement gardé que des souvenirs fugaces. Je lui ai dit que je m'étais couché très tard la nuit précédente tant il m'avait été impossible d'interrompre, ne serait-ce que quelques heures, la lecture de cette merveille accouchée du cerveau d'une jeune fille de 19 ans. Je lui ai dit qu'il fallait lire ce roman la nuit, vite, avec quelques verres d'alcool dans les veines, le cerveau, le cœur, afin de "flotter" selon l'expression favorite de mon adorable interlocutrice. Je lui ai dit que ce livre devait se consommer comme Françoise Sagan avait consommé sa vie, avec excès, déraisonnablement selon le commun des mortels.
Je lui ai dit que ce livre était BEAU. Et je ne me souviens plus si je le lui ai dit, mais il m'a rappelé pourquoi j'aimais passionnément la littérature, elle qui possède le don de transformer un vieux con de 43 ans en une jeune fille, l'espace de quelques pages sidérantes de beauté.
"Seulement quand je suis dans mon lit, à l'aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, ma mémoire parfois me trahit : l'été revient et tous ses souvenirs. Anne, Anne ! Je répète ce nom très bas et très longtemps dans le noir. Quelque chose monte alors en moi que j'accueille par son nom, les yeux fermés : Bonjour Tristesse."