Cette autobiographie du Boss a mis sept ans à éclore et on l'en sent rapidement cette envie d'une introspection réfléchie de la part d'un homme forcément attaché à l'écriture, comme le démontrent ses centaines de morceaux, sans compter ceux restés dans les tiroirs, qui font de Springsteen un songwriter si particulier à la longévité remarquable.
Bien que le début du bouquin laisse augurer un traditionnel retour sur une vie de musicien né dans une Amérique prolétaire et populaire, le récit prend de l'épaisseur au fur et à mesure des nombreux chapitres jalonnant le livre. D'abord nostalgique de son enfance et criant les vertus de l’anti conservatisme très soixante-huitard, on comprend que derrière le monstre de scène et les muscles saillants se cache une personnalité tourmentée. Son choix de vie, celle d'un musicien arpentant les USA avec sa guitare et SON groupe, ne sont en fait que des réponses à sa personnalité à tendance anxieuse voire dépressive. C'est lorsque Springsteen raconte ses démons que cette bio prend son sens, c'est un homme comme un autre et jamais tout au long des 600 pages il ne laisse penser que c'est uns star planétaire. Les concerts dans les stades ne sont qu'une bonne manière de s'amuser et de faire ce qu'il aime : de la musique. Une proximité se noue entre l'artiste, son groupe, et nous. Pas besoin de connaitre le répertoire du Boss par cœur pour apprécier le livre qui nous guide de bout en bout, donnant envie de re(découvrir) l’œuvre d'un musicien éclectique qui ne pourrait survivre sans son art. C'est aussi un beau témoignage de différentes époques et d'une société américaine qui tangue sans cesse mais continue de d’exercer une indéniable fascination.
Sincère, touchant et passionnant. Comme un patron.