[...] Ça se lisait comme une tragédie grecque.

Un roman noir dans les règles de l'art, encore, où tous les personnages sont déjà en place pour que tout cela finisse très mal, à la manière d'une tragédie antique : Clayton Burroughs est le shérif local qui reçoit la visite d'un agent du FBI. Les autorités sont décidées à éradiquer le trafic de méth qui arrive de Floride.
Sauf que le shérif Clayton est le fils indigne d'une longue lignée de hors-la-loi et que c'est son propre frère, Halford Burroughs, planqué dans sa montagne, qui est à la tête du clan familial et du trafic dans la région (l'alcool jadis, puis le cannabis et maintenant la méthamphétamine).



[...] Elle avait dû commencer à écrire ce journal quand elle était tombée malade. Ça se lisait comme une tragédie grecque.



Quelques flashbacks nous font deviner que chez les Burroughs la violence se transmet de père en fils et que les jeunes apprennent très tôt à creuser la tombe d'un empêcheur de trafiquer en paix.



[...] Vous ne comprenez pas comment les choses fonctionnent ici. Pour mon frère, l’argent n’est pas une fin en soi. Ça ne l’a jamais été. Ce n’est qu’un produit dérivé du mode de vie que lui a inculqué mon père.



Dans le clan Burroughs, de grand-père en père puis en fils, ce sont l'alcool et la violence qui coulent dans le sang de la famille et Panowich réussit à nous décrire des personnages qui ne sont pas seulement des affreux jojos insensibles au mal mais également des hommes héritiers d'une sombre destinée, élevés dans la violence, incapables de quitter les rails sur lesquels ils sont lancés.
En contrepoint de ce monde d'hommes, on a même droit à quelques beaux portraits de femmes : des femmes pas ordinaires, évidemment pour avoir épousé des Burroughs ...
Même si ce n'est là que son premier bouquin, la prose de Panowich est suffisamment soignée et imagée pour nous emmener dans ces forêts et montagnes de l'humide Géorgie aux côtés de sa bande de cul-terreux.
À mi-parcours on en découvrira un peu plus sur cet étrange agent du FBI venu jouer les trouble-fêtes ... Et puisqu'on évoquait l'art dramatique, on aura même droit à une série de coups de théâtre pour terminer cette tragédie - c'en est presque too much mais il était sans doute difficile de terminer autrement : Panowich avait placé trop de pièces pour bâtir son astucieux puzzle ...
Pour celles et ceux qui aiment les cabanes dans les bois.

BMR
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le 17 sept. 2016

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BMR

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