Chef-d'oeuvre ultime de la littérature horrifique

Stephen King est, à titre personnel, mon auteur culte et préféré. Peu d'auteurs comme le maître de l'épouvante s'avèrent capables d'autant captiver à la lecture de ses romans, de faire frissonner au point de promptement refermer le livre de panique, avant de se replonger dans un univers horrifique, angoissant et sans pitié. Stephen King est maître dans son art, un génie, à la carrière dont la prolificité n'a d'égale que la maîtrise exemplaire du genre dont il s'est incontestablement fait l'auteur-phare.
Et comme il en faut un, Ça est, de loin, mon roman préféré, de Stephen King comme de tous les auteurs que j'aie pu lire. Inspiré d'une histoire de trolls vivant sous des ponts, l'idée demeura en gestation dans la caboche de King un très long moment avant de commencer à l'écrire et de le finir, en 4 ans de travail acharné, pour notre plus grand bonheur. Pour notre plus grande terreur et notre plus vive admiration.


Ça. Un titre aussi bref que'énigmatique, dont la signification demeure incertaine jusqu'à l'ouverture des pages du roman, où l'on comprend que l'on a affaire au monstre le plus singulier, terrifiant et développé de King.
Et c'est là que ce roman cache toute sa virtuosité : King aborde, sous son style si particulier, les thèmes qu'il manipule avec le brio le plus exemplaire : l'exposition et la critique de l'Amérique de la deuxième moitié du siècle passé, la pauvreté, la violence, le racisme, l'alcoolisme, l'enfance et tous leurs déboires, et le plus important : l'enracinement, dans les plus banals faits de la vie quotidienne la plus tranquille concevable, du suspense et de l'épouvante. Ça est une créature macabre, diabolique et anticonstitutionnelle : symbole des pires psychoses de tous les enfants, de leurs pires cauchemars et de leurs craintes les plus terribles, et pour cause, les adultes, ou tout du moins ceux n'ayant jamais été victimes de ces tourments, ne peuvent ni ne pourront jamais la voir. Les adultes, croyant naïvement à des rêves tout droit sortis des films et dessins animés ingurgitée par leur trop influençable progéniture, jamais ne leur viendront en aide. Ça livre des enfants banals, voire même pire (Le Club des "Ratés") à eux-même, et ceux-ci lutteront contre leurs pires cauchemars avec une débrouillardise soufflante et émouvante.


Ça est une oeuvre majeure car elle insuffle dans le coeur de ses lecteurs, de par tous ces éléments, une épouvante croissante et très réaliste, dans une intrigue nous offrant tous les rebondissements possibles et imaginables pour faire avancer l'histoire ; ainsi, en 1500 pages format poche, jamais l'ennui ne nous gagne, tant l'histoire s'accorde avec le style King. et nous tient en haleine toute sa longueur durant.
Ça est, pour résumer, un chef-d'oeuvre. Une pièce maîtresse de la littérature d'épouvante, que le travail acharné de son auteur a su hisser aux sommets de la littérature elle-même. Une oeuvre qui marquera la littérature et les esprits pour une très longue durée.
Et encore, tout n'a pas été dit dans cette critique ô ! combien dithyrambique ; à vous de découvrir toutes les merveilles et pépites que contient cette masterpiece... A dévorer à corps perdu, à lire et à relire.


(Critique écrite sur Babelio, le 12/03/2015)

Créée

le 6 janv. 2017

Critique lue 714 fois

6 j'aime

1 commentaire

Critique lue 714 fois

6
1

D'autres avis sur Ça

Ça
Aldorus
10

Chef-d'oeuvre ultime de la littérature horrifique

Stephen King est, à titre personnel, mon auteur culte et préféré. Peu d'auteurs comme le maître de l'épouvante s'avèrent capables d'autant captiver à la lecture de ses romans, de faire frissonner au...

le 6 janv. 2017

6 j'aime

1

Ça
Tinou
10

Critique de Ça par Tinou

Rarement l’enfance et l’entrée dans l’adolescence auront été dépeintes comme une telle série de cauchemars. Stephen King aborde ce thème avec une grande justesse marquant ainsi une génération de...

le 9 oct. 2016

2 j'aime

Ça
LounisBrl
9

Requiem de l'enfance

La méprise la plus tenace au sujet de Stephen King, l'erreur que commettent quantité de critiques et de lecteurs je crois, est de considérer que l'horreur est le pilier fondamental de son...

le 9 déc. 2020

1 j'aime

Du même critique

Madame Bovary
Aldorus
4

Emma la femme de mauvaise vie

Non non et non, rien à dire sur un style d’une perfection sans faille (j’aime les pléonasmes) dont on nous a rebattu les oreilles jusqu’à épuisement en classe de Terminale. Rien à dire sur le...

le 12 août 2016

18 j'aime

11

proanomie
Aldorus
5

L'indestructible

Et si, dans un genre lui-même terré au fin fond des abysses de la musique, existait encore un sous-genre si obscur que même les fonds marins n’auraient rien à lui envier en termes d’underground...

le 17 janv. 2018

11 j'aime

Cro Man
Aldorus
4

Décevant, y a pas foot-o

Pour peu qu’on soit un tantinet afficionado de Wallace & Gromit c’est toujours avec plaisir que l’on s’introduit dans une salle projetant le dernier des studios Aardman. En termes de créativité...

le 8 févr. 2018

11 j'aime

1