IT est une œuvre qui dépasse de loin ce qu'on pourrait attendre d'elle.
Il ne s'agit pas, en effet, d'un simple conte horrifique autour d'un clown tueur d'enfants.
Pennywise est un prétexte pour aborder un sujet bien plus grave; celui de la vie. Ou plus précisément, l'influence de l'enfance sur l'âge adulte.
Car lorsqu'on y réfléchit bien, pourquoi est-ce qu'un groupe d'enfants d'une dizaine d'années se mettrait en tête de tuer un monstre dont la forme, le nom, et les points faibles leur sont inconnus?
Il est certes évident qu'ils veulent empêcher IT de sévir davantage mais cette entreprise semble vouée à l'échec avant même qu'elle ne commence. Les raisons qui me poussent à croire qu'ils veulent affronter le clown sont diverses. Tout d'abord, chacun veut prouver de quoi il est capable, surtout que leurs parents ne semblent pas les aimer à leur juste valeur. Et à propos de parents, le monde extérieur au leur est bien plus sombre qu'il n'y paraît. Alors oui, l'Overlook Hotel exerce la même influence sur Jack Torrance que Pennywise sur Derry. Mais si ces enfants sont à ce point courageux, c'est parce que Ça est moins effrayant que le monde réel. Et il s'agit là pour moi du véritable message que Stephen King veut faire passer. Ces enfants-là préfèrent passer leur journée dans un canal, dans une décharge, dans les égouts et dans une maison abandonnée plutôt que chez eux. Entre un père incestueux, une mère poule à l'extrême, des parents indifférents, un gang d'adolescents antisémites, racistes et homophobes et un clown mangeur d'enfants leur choix s'est tourné vers ce dernier.
Le roman nous montre que l'âge tendre est précieux et proche d'une certaine naïveté, mais qu'il est aussi l'âge auquel l'enfant apprend à devenir adulte, l'âge qui détermine qui il sera. C'est donc pourquoi il faut être vigilant à ce à quoi il est confronté. Les mêmes erreurs peuvent être reproduites, mais les peurs peuvent être guéries. Car Pennywise fonctionne comme le jalon qu'il faut franchir pour devenir grand, il est vaincu lorsqu'on s'est affranchi de ses peurs, comme dans la vie.
L'enfance est associé à l'innocence dans cette œuvre. Stan est Juif, Mike est noir, Ben est gros. Mais ignorant l'intolérance du monde et la discrimination, leurs amis se permettent, au fou rire général, les blagues de toute sorte à leur encontre. Sans aucune méchanceté. Seulement par simple imitation de ce que le monde des adultes leur fait entrevoir.
IT nous montre que l'horreur n'est pas dans la fiction, dans l'inconnu, dans l'obscurité. L'horreur est ici, à la lumière et aux yeux de tous, dans nos foyers, à la télé, chez nous voisins, mais bien cachée. Et pour la vaincre, l'amour est la meilleure arme.