Thomas Disch nous a quitté le 5 juillet 2008. Ce fut, pour nombre de fans de SF, un drame. Pour la jeune génération dont je fais partie, un peu moins. Notamment parce que Disch n'avait eu aucune actualité en France depuis les années quatre-vingt dix. Or, il a écrit, dit-on, de très bons romans. Il me fallait le vérifier. J'acquis Camp de concentration, le laissa traîner quelques temps dans ma PAL, puis le lu, un an après le décès de Disch...

Camp de concentration nous transporte à une époque qui est probablement les années soixante-dix (le livre a été écrit en 1970). Les États-Unis sont embourbés dans une guerre en Asie (le Vietnam ?). Louie Sacchetti, poète et objecteur de conscience, a refusé de s'enrôler. Il est donc en prison pour cinq années, à Springfield, centre de détention aussi confortable que peut l'être un pénitencier. Mais voilà qu'un jour, avec un manque de respect total de ses droits, on le fait transférer à Camp Archimède, prison ultra-secrète où il devient le cobaye de recherches sur l'accroissement des capacités intellectuelles grâce à une drogue.

Camp de concentration se présente à priori comme un roman dystopique, avec une atmosphère morbide et le lecteur l'entame en se demandant s'il ne va pas subir quelque choc psychologique en le lisant. Rien que son titre, évocateur des camps nazis de la Seconde Guerre Mondiale, est terrifiant. Il n'en est rien : on parcourt le journal du personnage principal, où il raconte chaque jour son enfermement. Il est loin de subir, dans un premier temps – et à peine plus alors que l'histoire avance –, de terribles sévices. Il a perdu sa liberté, mais le vit plutôt bien. S'il se rebelle, cela ne dure pas très longtemps ou n'est pas exprimé avec énormément de force. Ce n'est donc pas sur le plan psychologique, ni par son ambiance obscure, que Camp de concentration frappe le lecteur. Ce dernier est bien plus impressionné par l'intelligence du récit, qui prouve la grande culture de l'auteur, par l'évolution du personnage, par les individus qu'il croise à Camp Archimède.
Tout au long du roman, le lecteur est immergé dans un univers étrange occupé par des « fous » supérieurement intelligents. Les prisonniers de Camp Archimède ont un plan pour échapper à leur condition, mais on ne le sait qu'à la toute fin du récit. Fin de récit qui, d'ailleurs, est bien trop positive. C'est le gros défaut, à mon avis, de Camp de concentration : il s'achève trop bien pour Louie Sacchetti. Où est la fin tragique à laquelle on s'attend ? Nulle part, et c'est bien dommage...

Camp de concentration est un roman qui démontre le talent de Thomas Disch, mais qui est loin du chef-d'œuvre. J'espère être bien plus satisfait lorsque je m'attaquerai à Génocides ou Poussière de lune...
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le 18 déc. 2010

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