L’édition « Livre de Poche » de Carmilla débute par un avertissement du traducteur -Jacques Papy- sur le style de l’auteur. Il y défend sa traduction, qu’il a voulue au plus proche du style choisi par Le Fanu, mais il met en garde : certaines tournures frisent le ridicule. Avertissement bienvenu, car le récit surprend, déroute dès le début par ses phrases mal tournées. En effet, le traducteur explique la volonté de l’auteur de respecter la parole de sa narratrice; une jeune fille naïve, aux réflexions parfois lentes. Il faut passer sur ces premières pages pour se laisser prendre par l’intrigue, et remarquer que l’auteur lui-même finit par se laisser entraîner par son propre style; bientôt, les phrases prennent plus d’ampleur, certains passages sont hypnotisants. Les apparitions du vampire dans la chambre de l’héroïne sont parmi les plus inquiétants de la littérature vampirique; on y reconnaît le vampire à ses origines, créature fantomatique, monstrueuse et fascinante.
Une lecture indispensable dans le cycle vampirique.