Une charmante histoire qui mêle aventure, passion, destin et temporalité. Le tout dans une langue simple, efficace, agréable à lire.
Narcisse Pelletier est un matelot français qui se voit contraint à demeurer seul sur une île australienne à des milliers de kilomètres de sa famille et de ses amis. Optimiste, l'aventurier pensait qu'il allait être secouru dans les jours suivant le début de son isolement, il n'en est rien. Ça galère durera dix-sept années durant lesquelles il aura oublié sa langue, sa culture, ses souvenirs. Durant tout ce temps, le marin est recueilli par une tribu indigène. C'est dans la souffrance et la résiliation que le vendéen s'est acclimaté à leur coutume, leurs rites et traditions. Jusqu'à ce dernier se fasse remarquer par l'équipage du "John Bell", un navire anglais, qui le ramena vers le monde d'antan, celui de l'occident.
Ce récit est poignant et je trouve ça super que l'auteur ait pu expliquer l'histoire de Narcisse Pelletier par le biais d'un second personnage principal, un géographe du nom d'Octave de Vallombrun qui devient le rééducateur du retrouvé que l'on appelle vulgairement le "sauvage blanc". Ce dernier étant métamorphosé lorsque son retour en Europe s'officialisa. Couvert de tatouage et de cicatrices, méconnaissable pour les gens qui l'ont connu, personne ne le comprend plus, malgré son impromptu retour, le téméraire demeure toujours seul. De par cette langue française supplanté par le parlé de la tribu du pacifique. Ce livre nous conte donc le retour d'un homme dans un univers aussi lointain que changé. Rien ne permet plus à Monsieur Pelletier de se rattacher aux racines d'une vie antérieure.
Le côté historique de ce bouquin ajoute une succulente pincée de sel à cette aventure qui s'étend sur plusieurs décennies.
SPOIL
Cependant, je pense que le récit aurait gagné à être un peu plus long, ne serait-ce que pour que le lecteur sache sur ce qu'il est réellement advenu du naufragé, en lutte contre le vent de la destinée.
Il n'y a que la fin qui, à mon sens, est trop banale. Il manquait une phrase forte pour que l'ensemble des lignes s'achèvent avec grandeur.
Le décès d'Octave est également très brutal, et le fait de l'apprendre par la plume de sa sœur m'a bien surpris, en même temps qu'elle m'a déçu. Mais bon, cela est justifié par le fait que la maladie du sociétaire soit apparue presque soudainement, la mort frappe quand elle veut après tout.
Quoi qu'il en soit, ce roman reste épique, et l'humanisme qui se dégage de ces lignes fait un bien fou à une époque où l'on pense de plus en plus à notre pomme.