Celles qu’on tue est un roman que j’ai découvert par hasard dans ma librairie. Mon regard avait été attiré par la critique élogieuse et enthousiaste qui avait été collée sur sa couverture. La perspective de me plonger dans une lecture rude et captivante aux abords de la forêt amazonienne était intrigante. Lire cet ouvrage né de la plume de Patricia Melo m’offrait également l’occasion de m’ouvrir à la littérature brésilienne.
L’histoire se déroule au Brésil dans une région proche de la forêt amazonienne. Une avocate de Sao Paulo est amenée à y suivre un procès dans lequel des hommes sont accusés de viol et de féminicide. Cette plongée dans l’horreur de cette civilisation patriarchale et violente ne va pas la laisser indemne. De plus, elle y trouve une résonnance avec sa situation personnelle. Tout cela va l’inciter à tout mettre en œuvre pour sauver ces femmes en souffrance que personne ne semble voir…
L’héroïne est une femme forte vivant actuellement une période difficile. Ses douleurs éveillent naturellement l’empathie. Sa relation toxique avec son petit ami ne laissera personne indemne. Je me suis ainsi naturellement attaché à cette femme touchante et à fleur de peau dont le parcours de vie m’a immédiatement captivé.
La narration se construit de manière originale. Certains chapitres nous content le quotidien de l’héroïne. Le procès, ses rencontres, ses angoisses… On suit sa vie de son point de vue. D’autres chapitres ont une dimension plus onirique et mystique. Ils nous immergent au plus près des peuples autochtones vivant dans la forêt. Enfin, régulièrement, de courts paragraphes nous décrivent froidement un acte de féminicide. Cette structuration du roman génère une atmosphère très intense qui ne laisse pas indemne.
La lecture est captivante. Elle est rythmée et efficace. On prend de face la dure réalité de la vie ses femmes. L’autrice ne prend pas de détour. Elle ne cherche pas à arrondir les angles. La vérité nous est montrée de manière franche et brutale. J’ai rarement été confronté à ce type de lecture. Cela a été une agréable découverte. Le message proposé gagne ainsi en force. L’impact sur le lecteur est puissant. Il s’agit d’un livre que dévore tant on est happé par son contenu. Il s’agit incontestablement d’une lecture dont on se rappelle longtemps une fois le bouquin refermé.
Je ne souhaite vous en dévoiler davantage. En effet, le plaisir de cette lecture réside évidemment dans la découverte. L’autrice nous fait suivre un chemin dont on a du mal à anticiper les différents virages et la destination. La dureté du propos fait que la garantie d’une « happy end » est loin d’être évidente. Je ne peux que vous conseiller cette lecture qui possède une identité forte et très personnelle. Elle vous offre un voyage intense, captivant, douloureux que vous n’oublierez pas…