Je ne suis pas une fan des prix littéraires. J’aime me renseigner mais je ne cours jamais après les vainqueurs. Cette année, j’ai fait exception pour le prix Goncourt, « Chanson douce », le second roman de Leïla Slimani.
Le synopsis : Une nourrice assassine les deux enfants qu’elle a en charge avant de tenter de se suicider. Cela pourrait être un terrible fait divers comme nous en avons déjà tous lu dans les journaux, ou vu passer sur nos réseaux sociaux. Écrire un roman dessus me paraissait complètement casse-gueule : il est facile de tomber dans le pathos et le voyeurisme en insistant sur la maltraitance des enfants et la douleur des parents… Et pourtant nous avons un roman d’une sensibilité incroyable. Les premières pages sont effectivement dures. La première phrase est même des plus chocs. Mais les chapitres s’enchainent et racontent une histoire troublante même si l’on connaît déjà tous le dénouement. Je me suis surprise à m’attacher à cette assistante maternelle infanticide mais qui, pourtant aime profondément les enfants qu’elle garde. Je me suis surprise à secouer la tête face aux agissements des deux jeunes parents, parfois immatures et égoïstes.
Il s’agit avant tout d’une histoire de manipulation, d’emprise et d’interdépendance entre cette nourrice providentielle et les jeunes parents carriéristes. La tension est palpable tout au long du roman et monte crescendo. Même si on suit principalement cette nourrice, elle reste un mystère pour nous, lecteur. On tente de l’analyser et de comprendre ce qui a pu la pousser à commettre ce geste.
Un roman très percutant, que je ne conseillerai pas aux parents trop sensibles cependant.