J'ai enfin lu ce roman après l'avoir vu pendant des années en bonne place sur les tables des librairies et qui a même été distingué par l'Académie Goncourt.
Une lecture courte, il n'aurait d'ailleurs pas fallu qu'elle fut plus longue car je n'ai pas accroché au style sec et froid de l'auteure. Leïla Slimani donne l'impression de ne pas savoir si elle veut écrire un thriller ou un roman sociétal et ce, tout au long du roman qui se termine aussi brutalement qu'il a commencé.
Le traitement minéral et monolithique des rares personnages - dont aucun n'est attachant - donne à ce huis-clos son caractère oppressant mais freine aussi beaucoup l'empathie, malgré le sujet violent qui ne peut laisser indifférent. Et je trouve qu'il y a quelque chose de volontairement racoleur dans le fait d'harponner l'attention du lecteur par un meurtre d'enfant dès l'incipit.
C'est assez rare que je ne comprenne pas où un auteur veut m'emmener mais c'est pourtant le cas avec "Chanson douce". Les thèmes abordés ne manquent pas d'intérêt : réflexion sur la maternité et l'amour parental, réflexion sur les difficultés de concilier pour des parents vie de famille et carrière, réflexion sur l'envie et la vanité... des thèmes intéressants mais déjà bien fouillés par la littérature. Alors c'est peut-être cela qui me gêne par dessus tout, qu'on me parle dans un roman des misères du quotidien et qu'on me prive du même coup de l'évasion intrinsèque qu'il me promettait. J'aurais préféré que Leïla Slimani fasse de "Chanson douce" un véritable thriller et pas quelque chose d'aussi tiède, doucereux et convenu que ce récit faussement haletant et plein d'une tension artificielle.