Spontanément, après la lecture de Charles Demailly, héros malchanceux du livre, j'ai pensé à Illusions Perdues. Mais il y a dans le fond quelque chose en moins dans ce roman des frères Goncourt. Peut être est ce dans le caractère et la personnalité du héros, trop lisse et honnête pour être crédible, ce qui est un peu fâcheux dans un roman réaliste. Demailly, subit, sans jamais vraiment se révolter. Subir n'est peut être pas le mot soit dit en passant, parce que contrairement au Lucien de Balzac, ses aventures littéraires lui réussissent plutôt bien.
Réaliste, ce roman l'est en tout cas. Derrière les descriptions à outrance (ici la règle qui veut qu'une description permette toujours d'avancer l'intrigue est joyeusement envoyé au placard), c'est une petite sociologie du monde de la bohème parisien qui est mise en place. Particulièrement désabusés, les frères Goncourt notamment dans les derniers chapitres
qui voit Marthe dévoiler des lettres compromettantes pour Demailly
délivre une critique plutôt fine des écrivains, journalistes, poètes, théâtreux (je me permets ce néologisme en hommage aux 800 que les Goncourts ont inventés), qui sous le masque de la recherche esthétique, de l'art pour l'art, se révèlent être aussi hypocrites et malhonnête que le commun du genre humain.