Flanquée d'une lettre écrite par Manchette destinée à l'auteur sur la quatrième de couverture, on comprend vite qu'on s'apprête à pénétrer dans un bordel sans nom. Pas le style des Echenoz que j'ai lu précédemment quoi. Le mec a l'habitude de faire concis, joli, utile.
Un bordel sans nom placé sous le signe de la comédie. Oui, il s'agit bien d'une comédie, transformée en polar certes, mais c'est juste un foutu prétexte. Plusieurs enquêtes, menées par des bras cassés. Une multitude de personnages, frappés par des coïncidences énormes, de rencontres loins d'être fortuites dans un Paris giscardien qui fait office de carte postale en 2020.
Georges est un type plutôt normal à qui il n'arrive pas grand chose, un peu en galère de thunes, il cherche un job et va vite se retrouver embauché comme pseudo détective dans une affaire d'enlèvements de perroquet.
J'en dirais pas plus. J'ai souri, plus que rigolé. Je me suis amusé et Echenoz aurait pu être un fantastique dialoguiste de cinéma. Les punchlines, les expressions. Cherokee fait donc penser à l'auteur de la lettre de la 4e (Manchette), mais aussi à Vautrin, aux films de Lautner, le tout dans un style littéraire riche façon Modiano (enfin un Modiano sous Suze, on est en 83, t'oublies direct le trip halluciné), bref c'était brillant.
Moins marquant que Des Éclairs, que 14, ou encore d'autres romans d'Echenoz mais un petit bonbec qui se place à l'opposé du style germanopratin de l'époque, surtout édité chez Minuit (Guibert, Koltès, Savitzkaya, ...)
C'est avec une certaine lueur dans les yeux que je recommande ce livre, qui ne plaira pas à tout le monde mais qui mérite d'être lu.
Ya bon minou !