Objectif Mars
Chroniques martiennes retrace la colonisation de Mars par l’homme. Une trentaine d’année sera nécessaire entre la première fusée d’exploration et l’arrivée massive de centaines de milliers...
le 27 sept. 2015
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Plus je lis Ray Bradbury, plus je développe cette désagréable impression d’avoir affaire à l’un des auteurs les plus surestimés de la SF.
En cette année 1950, le postulat est des plus basiques : aura les plus grosses couilles qui ira le plus loin dans les avancées technologiques. Ainsi, 20 ans avant même que l’homme ne pose le pied sur la Lune, Bradbury l’imagine aller encore plus loin. L’homme fait ainsi vaguement la connaissance des petits hommes verts, colonise Mars, et comme sur la Terre fait tout foirer. On ne se contente pas que du point de vue de Mars, puisque l’on fait de brèves incursions sur Terre (« Tout là-haut dans le ciel ») afin de varier les points de vue. Du premier pas sur Mars en février 2030 à sa désertion en décembre 2036, jusqu’à des fragments de vies de survivants de l’an 2057, on navigue finalement sur une planète pas si différente de la nôtre… du point de vue social, Bradbury remplit donc bien sa mission SF en offrant une fiction d’anticipation foncièrement fataliste du point de vue de l’incapacité humaine à apprendre de ses erreurs, avec en miroir une vision futuriste de la colonisation de l’Amérique n’ayant rien à envier à Wells et son incursion dans le même registre (Les Premiers hommes sur la Lune) voire dans le colonialisme de sa Guerre des mondes.
Le bât blesse en fait dans l’écriture même de Bradbury, qui s’avère incapable de bien écrire une nouvelle. Le principe même de ce type de récit étant de tenir en haleine jusqu’à un twist rondement mené, notre cher auteur s’en montre bien incapable ; quand le peu de chutes auxquelles on a droit apparaissent en plein milieu de la nouvelle, ou quand il s’avère incapable de créer une ambiance, ni générale ni même particulière, cet enchaînement de nouvelles (avec la drôle de logique une longue une très courte, une longue une très courte…) montre très vite ses limites de tension narrative, et on ne lit plus que ce que l’on prend pour un pauvre roman de divertissement… « Usher II » tente vainement une veine plus angoissante sans y parvenir, les 100 premières pages offrent des situations de premier contact invraisemblablement embarrassantes, à l’instar d’une relative misogynie en parcourant l’intégralité (dans l’ère du temps de la représentation de la famille idéale, donc d’un côté c’est pardonnable…)
Reste que l’ambiance de solitude quasi morbide des derniers chapitres n’aurait rien à envier au Robert Neville de Je suis une légende, mais il ne suffit pas de quelques nouvelles pour jauger de la qualité générale d’un recueil.
Comme quoi, tout pilier que soit Bradbury, Chroniques martiennes nous rappelle bien que la science-fiction en elle-même ne fait pas la qualité d’un roman (recueil en l’occurrence) de science-fiction, et qu’un minimum de respect du style que permet son média n’est pas à négliger.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les pérégrinations d'un étudiant en Lettres, Tout est fatal et Les 100 principaux titres de la science-fiction
Créée
le 14 mars 2018
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