Il faut dire qu'avant de commencer Cinéma de Tanguy Viel, je ne m'attendais pas du tout à cela. Je savais que ce livre évoquait un homme obsédé par un film en particulier qu'il avait vu des centaines de fois, mais je pensais observer ses interactions rendues difficiles avec le monde extérieur, ses amis, etc. à cause de son obsession ; bref, un simple roman.
Mais c'est bien davantage que cela. Cinéma est un monologue de plus d'une centaine de pages dans lequel le narrateur, "l'obsédé", raconte "son" film à quelqu'un d'autre (au lecteur certainement) en n'omettant aucun détail, en explicitant les moindres détails de cette œuvre qui dure deux heures environ. Forcément, nous sommes pris comme le personnage-narrateur dans ce film et nous avons envie de savoir ce qu'il va se passer ensuite. Car, j'ai oublié de le dire, mais le film en question est un film policier, un thriller, plus précisément, avec sa dose de mystère et de suspense. Le ton est évidemment un peu pompeux, plein de "moi je" (notamment des "moi, je connais mieux ce film que tout le monde"), mais c'est dans l'idée de cette obsession qui conditionne la vie du narrateur.
D'ailleurs, il va jusqu'à appeler le film par son titre, c'est à dire qu'il abandonne l'italique (qui, en littérature et dans les textes en général, permet de distinguer les titres d'œuvres) afin de nommer le film par son "prénom", comme un autre personnage ou, plutôt, comme un véritable ami.
C'est un livre admirable sur la question de l'obsession qui m'intéresse particulièrement. On a du mal à le lâcher tant il devient haletant.
Mais...
Petit SPOILER
Je suis un peu déçu par un fait minime auquel je devais bien m'attendre : le film en question existe bel et bien. J'aurais tant voulu qu'il soit pleinement le fruit de l'imagination de Tanguy Viel... J'aurais voulu que ce livre soit complètement coupé du monde extérieur, comme souvent le sont les obsédés de toutes sortes.